il est clair que je ferais mieux de tripoter le piano ou la guitare que d'écrire ça
mais il est clair que je fais mieux d'écrire ça que de
céder aux avances insistantes que semble me faire ces derniers temps
la vie active - car oui la vie active a des vues sur moi
je n'ai pas l'air comme ça mais
bon
je ferais mieux d'écrire ça en tout cas
il n'y a que ceux qui me détestent qui me font me sentir une rock star
les autres sont mes potes qui me connaissent aussi déprimé que déprimant
et ennuyeux en tous les cas
les autres savent que je mets six ans à me faire l'opinion la plus banale sur l'actualité la plus brûlante
et quelques mois de mieux à l'exprimer au moment
où tout ce qui aura pu se passer après se sera passé
et les autres auront noté que même pour expliquer ça je ne fais pas preuve du minimum
ni de clarté ni de précision ni d'éloquence ou de sublime fulgurance perchée
qu'on attendrait d'un poète ou d'une rock star
mais bien plutôt
le contraire
j'aimerais concilier ça en faisant de moi une rock star de la banalité
un prêcheur de l'insignifiance
un génie du doute pas méthodique
j'aimerais ça ? vraiment ?
bof. Je n'en suis pas si sûr.
Saviez-vous que
la vie active et l'humanité me faisaient du gringue ?
saviez-vous que la vie en collectivité me regarde bizarre comme si elle voulait
faire de moi son quatre heures ?
saviez-vous que le sublime me tape sur l'épaule comme si on avait élevé les esprits ensemble ?
saviez-vous que quelqu'un m'a dit "je ne veux pas entendre parler de toi, ni de ce que tu fais ni de ce que tu penses
et je brûlerais tes disques si tu les diffusais en suffisamment d'exemplaires pour que je puisse en avoir gratosse ?"
saviez-vous que je lui ai répondu "merci, il n'y a que toi pour me faire sentir comme une rock star" ?
et même : "considérer que ce que je fais est si puissant qu'il faille s'en protéger,
personne jamais n'a fait preuve d'autant de considération vis à vis de mon
de ma production."
non vous ne saviez pas. A votre décharge c'est très romancé. Vous ne pouviez pas savoir, je viens de l'inventer.
Où voulais-je en venir déjà ?
Je ne sais pas de quoi parler
je ne sais pas qui j'espère faire sourire
j'ai envie de lire et d'avoir lu
j'ai envie d'avoir écrit
et je suis bientôt en retard pour ce truc
de
vacation ou je ne sais quoi
_
en cours
DIVERS
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feuilleton
SPIRALES DU TAMBOUR
chroniques
contes et assimilés
TRIPLETTES
ROUTINES DU PETRIN
Retour sur Broadway
ça c'est fait
dialogues
T
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(2/...) La casserole
(S'en aller, ça va, ça se fait, ça doit être l'une des choses les plus faciles à faire, s'en aller comme ça, juste partir, sans métaphores, s'éloigner de là où on était. Avoir été là, avoir fait le truc, tenté l'interaction dans ce qu'on arrivait à faire vivre du monde malgré toutes les anesthésies et le solipsisme, le solipsisme des séries, même bonnes, surtout excellentes et magnifiques et admirablement bien écrites, elles vaporisent le réel, on se retrouve sur une rue à devoir tout inventer pour que ça existe, et c'est lent, et c'est laborieux quand tout va suffisamment vite à la télé ; sauf là, là, c'est n'importe quoi, ça ne raconte rien, c'est juste atroce ; mais pour Arthur qui a la chance d'évoluer dans un monde - pas celui-ci - avoir été là c'est déjà plus balaize, qu'en partir. Partir c'est à la portée d'Arthur. Et quant à être malheureux, malheureux pour rire alors, parce que c'est dur de jouer la comédie romantique quand - c'est dur de dire les mêmes choses que tous, les amis, et oh, je n'ai plus peur d'utiliser ce mot, je me sais faire partie de la réalité de ceux qui me voient, qui me parlent, qui ne me parlent pas, je sais que je fais partie de la communauté là, même pris pour un imbécile, et sans doute pris pour la moitié de l'imbécile que je suis vraiment, tant que je parviens à sortir un peu de vannes et de souffles et de traits de mon imbécillité gracieuse, de ma seul arme, aussi efficace contre les balles qu'un tutu pailleté taille 50 ans, aussi efficace mais aussi excentriquement élégant, voilà, l'excentrique élégance, l'impertinente légèreté, les phrases courtes et souriantes, souriantes, souriantes.
C'est dur et laborieux de mettre un nez de clown de 4 tonnes sur une face rétamée de gueule de bois puis de chaînes d'infos, une gueule d'infos en chaîne de bois, mais il en faut peu, il en faut peu pour en faire peu et c'est très vite "déjà ça", et une fois qu'il y a le fil - Arthur dégoupillait le bouquet, la fille disait je ne penserai à personne en regardant le vase, désolé de résumer l'étique synopsis, la fille s'appelle Éléonore parce que c'est comme ça, le narrateur n'a aucune sorte de problèmes existentiels et méta-post-modernes ou je ne sais quoi : c'est un bourrin de l'histoire, il encaisse, il enquille, il y va, il nous prend par la main, oh lui aussi c'est un chic type. Qu'est-ce que j'aimerais me connaître assez pour faire l'amour avec moi - il paraît que je suis narcissique mais ce n'est pas le genre de défauts qui me rebutent, alors, ça va. Ça va ? Je vous aime très fort, donnez des nouvelles.)
Arthur se regarde Éléonore dans la tête, laquelle regarde le vase et comme promis ne pense à personne,
Penser à personne c'est une promesse beaucoup plus gentille, beaucoup moins sexy,
que de ne pas penser à lui, et Arthur dit :
"tout ça n'a pas la moindre foutue importance et je vais plutôt
me remettre au boulot"
Le boulot ce sont
six cent soixante douze
bulles d'air
à la surface de l'eau.
Le boulot c'est l'ébullition
exactement le boulot c'est la répétition de l'ébullition.
ça consomme, forcément, mais l'idée ce serait de balancer l'eau bien chaude dans la casserole, de la faire bouillir une fois, de la laisser refroidir mais pas trop, et de la refaire bouillir, etc ; l'évaporation nécessite de remettre de l'eau dans la casserole ; c'est ce qu'Arthur fait ; Arthur fait bien son boulot : Arthur est un bon bouilleur-refroidisseur-contre-évaporateur-re-bouilleur.
Il est prévu qu'un jour quelqu'un mette des pâtes ou quoi que ce soit à cuire dedans ; mais faire bouillir, laisser refroidir, refaire bouillir, remonter le niveau d'eau, là s'arrêtent les compétences d'Arthur. C'est prenant ça consomme ça ne paie pas tant mais ça laisse le temps, et ça laisse le temps de pardonner et d'en vouloir et d'en vouloir et pardonner à celle dont il n'est même pas certain qu'elle n'aie pas déjà oublié qu'elle était censée ne penser à personne, sous-entendu pas Arthur.
Oui c'est vrai ça, peut-être qu'elle y pense au fond ! Oh ! Le cœur bat.
Le vase
(des jours que je ne pense rien
des jours que je ne pense rien de rien
des jours que je ne lis rien et joue un peu mais ne compose rien et n'enregistre rien
des jours que j'achète des livres
des jours que j'achète des trucs
des jours que j'achète des trucs dont je n'ai pas besoin et dont par conséquent je ne fais rien
des jours que j'achète les regrets d'avoir acheté les trucs que je n'avais pas vraiment les sous pour acheter
des jours que je me dis que les sous n'existent pas
le crédit oui mais les sous n'existent pas
on achète avec la confiance qu'on a le crédit qu'on se donne
on achète avec la foi
les sous on verra
c'est la devise des banques
la devise monétaire
les sous sont l'on-verra insouciant du type un peu plus jeune à la type un peu plus jeune
ils sont d'un type un peu plus jeune
plus jeune que quoi on ne sait pas
la jeunesse c'est comme les sous
c'est ce qu'il n'y a pas et ça ne tient qu'à soi, qu'à la foi qu'on porte à ça
la jeunesse est Brigitte Fontaine
Jouvence Brigitte
c'est d'un formidable optimisme au fond
ou au moins parfaitement irréaliste
et ça me déprime ou bien c'est juste que j'étais
en permanence
agacé déprimé par tout
des jours que je ne pense rien
des jours que je suis fauché
fauché de sous de jeunesse de foi et de tout ce qui n'existe pas
et que je ne vais peut-être
pas si bien
et l'envie d'écrire une histoire
l'envie de déraisonner une histoire pour faire rire
quelqu'un pour s'arracher un sourire s'arracher un sourire
pas si bien mais - j'arrête de fumer et je gagne en poids tout ce que je perds en foi
et je me dis que ce
perpétuel agacement (expression pesée pesée pesée)
cet agacement perpétuel
ces ravalements discrets de rage et frustration
comme lorsqu'on déglutit
ces ravalements ces ravalages de rages discrets concis circonspects circoncis
je me dis que je les dois peut-être à ça
ne pensant rien c'est dingue tout ce que je me dis
l'avantage d'une histoire idiote qui viendrait à moi
c'est que je délèguerais à des personnages
tout ce qu'il se pense et tout ce qu'il se dit
dans le moi
et alors j'écris un prénom)
Arthur
(vraiment ? Arthur ?)
dégoupilla
son bouquet de fleurs
et n'eut qu'à peine le temps
et n'eut qu'à peine le temps.
"Ne te moque pas de moi - j'ai rooté l'xpéria" - fit-il comme un bout de chanson, tandis qu'elle
n'était pas là, manquant de l'existence qui aurait pu faire de lui
le vengeur mais transi
revanchard pathétiquement mais hors de contrôle et donc humain
le tragi-comiquement mélo mais beau
d'ailleurs bel
amoureux
qu'impliquait son bouquet de fleurs - amoureux transi même
et transparent
bref - elle,
elle n'avait pas le degré d'existence pourtant bas qui aurait suffi à
lui - l'ignorer.
Arthur se dit : "je viens de dégoupiller un bouquet de fleurs pour exprimer un sentiment dont on peut imaginer qu'il s'agit, à quelqu'un qui n'existe même pas assez pour m'en congédier"
"ce qui me rassure c'est que les bouquets n'ont sûrement pas de goupille bien qu'ils aient comme toute chose leur fatal et flippant compte à rebours leur mortalité"
"et quant à la mortalité des miennes de fleurs, je ne sais pas, je pensais ça pour rire j'aimais l'image mais des fleurs bah des fleurs je n'en ai pas alors leur mortalité bah il auraient fallu qu'elles naissent et qu'elles soient là au bout de mes doigts qui les dégoupillent, ils auraient fallu qu'elle soient là"
"et toutes ces fictions"
"on sait bien que ça n'existe pas"
"et c'est ça qui, c'est ça qui"
- Merci, monsieur." dit-elle en soufflant sur la poudre - odeur âcre - vague pollen scorie d'agression florale. "Tu n'as pas l'air bien habitué et quelques pétales ont volé mais
je le mettrai dans un vase
je le mettrai dans un vase et je le regarderai
je regarderai l'eau verdir sans la changer trop souvent
chaque fois que je le regarderai je ne penserai à personne.
Maintenant cela est fait, le narrateur l'a raconté ; va-t'en et sois malheureux."
Arthur s'en va. Avec la démarche inquiète du type qui craint de s'arrêter pour regarder la semelle de ses chaussures et d'ainsi confirmer qu'il vient de marcher malgré lui sur un monticule sombre et visqueux d'émotions. Avec la démarche confiante de qui sait qu'il n'a pas fini, qu'il n'en a pas fini avec quoi déjà. Avec sa démarche et ses pieds, Arthur s'en va.
des jours que je ne pense rien de rien
des jours que je ne lis rien et joue un peu mais ne compose rien et n'enregistre rien
des jours que j'achète des livres
des jours que j'achète des trucs
des jours que j'achète des trucs dont je n'ai pas besoin et dont par conséquent je ne fais rien
des jours que j'achète les regrets d'avoir acheté les trucs que je n'avais pas vraiment les sous pour acheter
des jours que je me dis que les sous n'existent pas
le crédit oui mais les sous n'existent pas
on achète avec la confiance qu'on a le crédit qu'on se donne
on achète avec la foi
les sous on verra
c'est la devise des banques
la devise monétaire
les sous sont l'on-verra insouciant du type un peu plus jeune à la type un peu plus jeune
ils sont d'un type un peu plus jeune
plus jeune que quoi on ne sait pas
la jeunesse c'est comme les sous
c'est ce qu'il n'y a pas et ça ne tient qu'à soi, qu'à la foi qu'on porte à ça
la jeunesse est Brigitte Fontaine
Jouvence Brigitte
c'est d'un formidable optimisme au fond
ou au moins parfaitement irréaliste
et ça me déprime ou bien c'est juste que j'étais
en permanence
agacé déprimé par tout
des jours que je ne pense rien
des jours que je suis fauché
fauché de sous de jeunesse de foi et de tout ce qui n'existe pas
et que je ne vais peut-être
pas si bien
et l'envie d'écrire une histoire
l'envie de déraisonner une histoire pour faire rire
quelqu'un pour s'arracher un sourire s'arracher un sourire
pas si bien mais - j'arrête de fumer et je gagne en poids tout ce que je perds en foi
et je me dis que ce
perpétuel agacement (expression pesée pesée pesée)
cet agacement perpétuel
ces ravalements discrets de rage et frustration
comme lorsqu'on déglutit
ces ravalements ces ravalages de rages discrets concis circonspects circoncis
je me dis que je les dois peut-être à ça
ne pensant rien c'est dingue tout ce que je me dis
l'avantage d'une histoire idiote qui viendrait à moi
c'est que je délèguerais à des personnages
tout ce qu'il se pense et tout ce qu'il se dit
dans le moi
et alors j'écris un prénom)
Arthur
(vraiment ? Arthur ?)
dégoupilla
son bouquet de fleurs
et n'eut qu'à peine le temps
et n'eut qu'à peine le temps.
"Ne te moque pas de moi - j'ai rooté l'xpéria" - fit-il comme un bout de chanson, tandis qu'elle
n'était pas là, manquant de l'existence qui aurait pu faire de lui
le vengeur mais transi
revanchard pathétiquement mais hors de contrôle et donc humain
le tragi-comiquement mélo mais beau
d'ailleurs bel
amoureux
qu'impliquait son bouquet de fleurs - amoureux transi même
et transparent
bref - elle,
elle n'avait pas le degré d'existence pourtant bas qui aurait suffi à
lui - l'ignorer.
Arthur se dit : "je viens de dégoupiller un bouquet de fleurs pour exprimer un sentiment dont on peut imaginer qu'il s'agit, à quelqu'un qui n'existe même pas assez pour m'en congédier"
"ce qui me rassure c'est que les bouquets n'ont sûrement pas de goupille bien qu'ils aient comme toute chose leur fatal et flippant compte à rebours leur mortalité"
"et quant à la mortalité des miennes de fleurs, je ne sais pas, je pensais ça pour rire j'aimais l'image mais des fleurs bah des fleurs je n'en ai pas alors leur mortalité bah il auraient fallu qu'elles naissent et qu'elles soient là au bout de mes doigts qui les dégoupillent, ils auraient fallu qu'elle soient là"
"et toutes ces fictions"
"on sait bien que ça n'existe pas"
"et c'est ça qui, c'est ça qui"
- Merci, monsieur." dit-elle en soufflant sur la poudre - odeur âcre - vague pollen scorie d'agression florale. "Tu n'as pas l'air bien habitué et quelques pétales ont volé mais
je le mettrai dans un vase
je le mettrai dans un vase et je le regarderai
je regarderai l'eau verdir sans la changer trop souvent
chaque fois que je le regarderai je ne penserai à personne.
Maintenant cela est fait, le narrateur l'a raconté ; va-t'en et sois malheureux."
Arthur s'en va. Avec la démarche inquiète du type qui craint de s'arrêter pour regarder la semelle de ses chaussures et d'ainsi confirmer qu'il vient de marcher malgré lui sur un monticule sombre et visqueux d'émotions. Avec la démarche confiante de qui sait qu'il n'a pas fini, qu'il n'en a pas fini avec quoi déjà. Avec sa démarche et ses pieds, Arthur s'en va.
Comment j'ai conquis Broadway
SOMMAIRE
Acte 1 : PAS GRAND CHOSE
Scène 1 : Ambition
Scène 2 : Choisir
Scène 3 : La rencontre
(récitatif 1 - interlude 1).
Acte 2 : STARMANIE DÉPRESSIVE
Scène 1 : Lamentation
Scène 2 : Mourir
Scène 3 : Le départ
(récitatif 2, interlude 2).
Acte 3 : "ON S'APPELLE WITOLD BOLIK"
Scène 1 : Exaltation
Scène 2 : Trahir
Scène 3 : Le triomphe
(générique).
___________________________________________
10 - Séchage et remballage
Les spirales et leurs entraves. Quelqu'un avait dû laisser une
enclume dans la poche d'un pantalon, pendant un temps un essorage
apocalyptique a fait vibrer les murs de la plus bruyante des teknos ; on
s'entendait fort bien penser cependant, parce qu'on ne pensait que
silence et chaos et qu'il y avait de la place; quand on est d'accord
avec le monde, on est d'accord aussi avec ses tremblements et ses
paniques et l'impression qu'il donne d'être à deux doigts de tout
détruire, y compris soi et son linge sale et les bizarreries de sa
conscience, regrets et projets, rêves éveillés et pensées magiques,
rages plus ou moins détournées et pardons donnés à la volée, sans y
penser. Rien ne dure et quand on le sait on peut tout encaisser. Quand
on est d'accord avec tout, ce qui nous détruit, ce qui nous embellit,
tout ce qui nous oublie et tout ce qui nous aime, les choses et les
gens, on n'a plus rien à dire.
8 - Mélodisme ironique et patati-patata
Nous connaissons la laverie. Nous
connaissons la boulangerie. Nous connaissons les rues sales et les
façades décrépites. Nous connaissons la vieille chanson française et les
sous-vêtements congrus. Nous connaissons les grands classiques et les
petits insectes. Nous sommes familiers de la poussière et des récits
bien ordonnés qui commencent par nous-mêmes. Nous sommes notre propre
miroir et nos premières personnes. Nous connaissons nos lacets défaits
et nos semelles disjointes. Nous sommes adeptes et dépendants et nous
sommes faibles et soumis. Nous sommes seuls et rebelles et nous sommes
gracieux et pleins d'humour. Nous sommes lus. Nous sommes ignorés. Nous
sommes vivants et nous sommes usés, travaillés, acculés, éculés. Nous
nous connaissons par le bout des ongles sales, nous nous comptons sur
cinq doigts valides et jaune nicotine. Nous savons à force ce qu'il
convient d'éviter de connaître, nous nous spécialisons, nous nous
protégeons. Nous refusons et nous accusons, nous nous singularisons,
nous nous mettons en porte-à-faux. Et en un mot tout cela nous broute.
Et nous toussons, nous toussons. Tous nous toussons. Nous ne savons même
pas exactement ce que nous voulons dire et nous pensons qu'il s'agit
certainement, ce qu'on veut dire, de quelque chose qui existe quelque
part dans un autre livre, un vrai, avec des mots plus justes et une
coulée plus ample et des tas d'horizons imprimés sur papier. Nous nous
portons de plus en plus à faux. Et nous nous disons :
3 - Ecran plat
"La minuterie est toujours bloquée, mais après tout qui a laissé sa cafetière allumée pendant quinze jours de moments intenses où le compteur tournait, hors de portée ?"
6 - Questions de fonds
Et
je pense à présent aux couvre-lits ondulés qu'on voyait partout dans la
vie américaine de "motels minables" qu'on s'était inventée, pas loin du
bidon de médiators émergeant du chaos domestique, dans laquelle le
nouveau punk-modèle, la figure du punk, piochait avec nonchalance
américaine entre deux actes délictueux, dans un style américain
d'auto-destruction cool, comme d'autres égrènent les versets des
vraies bibles américaines de motels minables.
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