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Ahlala, quel ennui ! - Spirale de la résolution honteuse


Ma résolution honteuse de 2016, c'était de terminer les bouquins que j'avais ou allais commencer. J'en ai lu trois.

J'ai lu Les Shadoks en grande pompe, d'une traite la nuit de Noël où ma chérie me l'a offert.
Ça s'est avéré un moyen réjouissant de continuer à ne pas comprendre le monde où nous vivons. Délires logiques absurdes, croyances invérifiées d'où découle fourvoiements collectifs et violence gratuite, coolitude inaccessible des Gibis et bêtise attendrissante des modes de pensée chez les Shadoks, grande rigolade et mentors abscons, recherche désespérée et goguenarde d'oracles et de plombiers, il y a de quoi twister le tragique chez les Shadoks, sans doute ma lecture était celle d'un quadra aussi flippé des attentats qu'en crise soi-même et inquiet ou désabusé de sa propre destinée, bon, en tout cas c'était bien.

J'ai lu Anna Karénine, de Léon Tolstoï. J'ai trouvé ça "génial", s'il m'est permis d'apporter cette pierre à l'édifice de l'analyse littéraire des classiques. Le revirement de Kitty qui se guérit d'un chagrin d'amour en s'occupant de vieux malades un peu chelou, puis tire un trait sur cette période en constatant qu'elle n'est pas faite pour ça, faire le bien d'une manière désintéressée, que ce n'est pas son truc, au moment-même où le récit de cette accession à une quasi-sainteté deviendrait presque ennuyeux, m'a fait beaucoup d'effet. Le récit de l'accouchement vu par Lévine, comme une espèce d'apocalypse personnelle qu'il est seul à vivre au milieu de gens souriants et débonnaires, aussi. La récurrence du mot "effroi" quand les gens tombent amoureux. La calvitie de Vronski et les oreilles du mari d'Anna, ce truc génial qu'elle se dit en descendant du train, alors qu'elle est déjà amoureuse de l'autre espèce de maître-nageur Vronski, le fait que ce qui lui saute aux yeux ce soit la laideur des oreilles de son mari. L'intransigeance absolue d'Anna vis-à-vis de son sentiment : "le respect, c'est ce qu'on a inventé pour cacher la place vide de l'amour". La réaction tellement vraie et cruelle de Vronski face à cette intransigeance : (grosso modo) "Rho, voilà qu'elle en remet des couches avec son "Amour"...". Le délire ferroviaire, le fait que tout commence et tout finit pour Anna dans le train, sous le train, dans les gares. Et l'agréable surprise que m'a fait Stepan : dans les premières pages, devant sa femme qu'il a trompée, qui le sait et qui lui en veut à mort, qui est anéantie, il ne trouve à dire que "Ahlala, quel ennui !". Je me suis dit au départ que c'était parce que c'était un vieux livre, que les écrivains décrivaient les choses comme ça à l'époque. Mais en fait, ce décalage complet de Stépan face au monde qui l'entoure, c'est lui, c'est ce qui le définit. C'est ce qui lui permet de faire la passerelle entre le tragique d'Anna et les mesquineries des milieux qu'il côtoie et qui les jugent. Les raccourcis sublimes qui me semblaient propres au type de narration des séries (par exemple, dans Shameless, premier épisode, la force d'une seule phrase où tient toute une histoire parallèle : "Il croit qu'il est sous exta, mais le seul dealer qui lui fasse crédit est schizophrène"), je les ai retrouvés chez Léon. Des milliers de choses qui font désormais partie de moi après cette lecture, je pourrais écrire un roman là-dessus, mais j'ai bien peur que ce soit déjà fait. La seule chose que je pourrais ajouter est le conseil d'éviter l'édition du Livre de poche, très incomplète, sans aucune traduction ni explication des passages en d'autres langues, sans doute pour économiser le papier, édition qui m'a forcé à rechercher sur internet des explications nécessaires, et qui se paie le culot de dire en postface "vous ne venez pas vraiment de lire Anna Karénine, car une traduction n'est jamais qu'une imitation". Grmrf.

J'ai lu "Découper l'univers", de Christophe Siébert. Enchaînement pas si inopportun, après tout il s'agit aussi du récit de quelqu'un qui à travers conflits, parfois métaphysiques, parfois complètement physiques, crises, heurts avec un monde aussi opaque qu'hostile, tire des brins de sagesse et d'un étrange optimisme nourri dans la noirceur. Pas bon pour s'endormir, mais puissant et direct, porté par un amour de la littérature et des gens qui en rendrait la lecture, oui, presque revigorante. Après en avoir terminé la lecture, je me suis mis à sourire et l'instant d'après à sourire encore plus de l'absurdité de m'être mis à sourire après avoir lu du Christophe Siébert. Bref. A l'exception du manifeste final qui m'a semblé un peu hors de ton par rapport à l'intimisme et aux introspections de ce qui le précède, un peu plus forcé - mais je le relirai, j'ai aimé.

Pas un livre, mais il y a de ça puisque ça veut dire sieste de bibliothèque : j'ai écouté ça et lu les textes que je trouve vachement bien écrits, là encore pas follement optimistes (la chanson la plus marrante est l'identification de la chanteuse à une vieille dame qu'on a retrouvée dans son appartement quelques 8 ans après sa mort) mais musicalement riche et subtil tout en restant hyper énergique et drôle... Sans compter que "Je suis Louise" m'a même donné une leçon d'histoire de France, cf wikipedia. Tout en me faisant remuer les bras sur ce refrain tellement lyrique, seul chez moi comme si j'avais quinze ans, l'âge de déjà trop bien savoir qu'on ne sait pas danser. Transférer quelque peu un bout de crise de la quarantaine en retrouvant foi en la pop à guitares, via des GiBi d'Australie, après être passé par Tolstoï et une forme punk de sagesse, ça me semble un parcours tout à fait shadokesque.



Au fait, j'ai fait un article sur Library Siesta sur ADA, c'est là :

Des bouquins, j'en ai plein que je veux lire, maintenant. Du Malcom Lowry, du Christophe Esnault, du Jacques Séréna, Guerre et paix, du Thomas Vinau que j'ai commandé, du Jim Thompson, l'Exley que j'ai commencé y'a au moins deux ans, "Naïf. Super." dont j'adore le titre et que j'ai commencé aussi... Bon, je fais ici exception à cette règle un peu couarde qui consiste à ne donner ses résolutions qu'après les avoir suivies ; me voilà donc... courageux, wouh !

Je vais peut-être aussi enfin faire la newsletter promise ! Le problème des news, c'est qu'elles changent souvent, mais je vais faire un effort pour les chopper au moment où elles ne seront pas ni trop vieilles ni trop en avance. D'ici avril. Avant avril. A l'horizon d'avril.














Depression hits - micro-spirale anaphorique

Rien de plus poignant que l'optimisme forcé des "hits de la Grande Dépression". Rien de plus précieux que la joie des temps de crise. Et rien d'autre à dire.



Nara Leão en VHS - spirale tarte

C'est inexact de dire que ça fait deux semaines que je n'ai pas touché ma guitare ni le piano ; je les ai touchés, mais ils ne me disaient rien. 

J'ai aussi essayé d'écrire. L'application "bloc notes" est toujours ouverte sur l'ordi. Je crois qu'il pourraient passer à une version 12 de Windows, directement connectée au cerveau pour anticiper les besoins de l'usager, commandant le produit auquel tu n'as même pas commencé à penser, tant qu'il y a l'application Bloc-notes, je continuerai à utiliser ça.
J'ai essayé Linux, essentiellement pour pouvoir dire un jour : "j'ai essayé Linux". Ce jour est venu. Le fait est que je n'ai pas grand chose d'autre à dire, alors, ça fait toujours une ligne. Et, Hollow Inside des Buzzcocks, je crois avoir déjà fait une spirale sur l'ininspiration. (Je ne crois en l'inspiration que quand elle me manque).

Peut-être n'avais-je pas mis celle-ci, qui me fait toujours sourire et où ça cause trop vite pour que j'arrive à la reprendre. Peut-être que si, je l'ai déjà mise, ainsi que les suivantes, mais ce n'est pas grave. La redite est tarte et cette spirale assume et revendique sa tartitude.



Spirale léchée à l'esthétique délicate et soignée

Je ne sais pas si tu l'as remarqué, non lecteur, mais je ne fais jamais de spirales sur mes propres morceaux.
Ben là si. Mais ce sont des reprises. Mais je m'étais promis de ne pas produire ne serait-ce que l'esquisse d'une auto-justification. Bref.

Le 1er janvier, je ne me suis pas lavé, je me suis enfermé et j'ai joué de la musique. Ça doit être ma dixième reprise (je ne tiens plus le compte, free a désactivé mes archives et des changements de disque dur en ont fait disparaître quelques unes) de Chega de Saudade. Très belle chanson qui illustre pour moi ce qu'on peut faire de plus dingue et de plus beau en alternance mineur/majeur, avec toujours cette hyper-intelligence jobimienne et son air d'y caresser. Comme dirait Coluche, je ne fais pas que dire des conneries sur Jobim, j'en joue aussi :


Le lendemain, je n'ai pas mangé et j'ai fait de la musique. J'ai réattaqué cette reprise de Moondog, non moins difficile. La solution radicale pour avoir mes notes tenues étaient le fuzz sur la basse, qui a induit toutes les distorsions qui s'ensuivent. Et oui le mélodica venait en bout de journée (vers les 2 h du matin) et je m'agacais de ne pas arriver à retranscrire cette satanée quatrième voix, alors j'ai tenté d'improviser. 2015 je devrais arriver à trouver la grille d'accords, qui n'a pourtant pas l'air si compliquée en soi.


Ces deux morceaux, et ces deux obsessions, l'obsession sur Chega de Saudade environ 2009, l'obsession depuis l'année dernière sur Shakespeare City, ces deux journées où je me suis surpris à vraiment "travailler" en fait, m'ont donné des idées qui me font sentir d'un tout petit peu moins mauvaise humeur d'être aussi peu suivi, lu et écouté, et de me sentir aussi souvent dédaigné voire pris de haut ou simplement complètement ignoré depuis si longtemps, quoi que je fasse. Les reprises, le travail d'oreille, la revisite des classiques, les expérimentations purement musicales en autodidacte, ce sont parfois des bouées quand on se sent seul, ça risque de nous faire devenir quelque chose qui ressemblerait à un "bon musicien", "un type qui adore Zappa", "lui il s'enferme des heures chez lui pour bosser son instrument tsé", mais... Déjà, c'est loin d'être abouti et donc plein de promesses, et surtout, bizarrement, pas linéairement, jamais productivement mais de manière intimement restructurante (oh quel joli vocabulaire), non seulement on ne coule pas, mais, contre toute attente, ça se met parfois à avancer. 

Ce qui me sauve d'être pleinement psychopathe (ce que me diagnostiquent ceux-là même qui me dénient absolument et la faculté de ressentir et ce que je ressens et tente d'exprimer) ou bon musicien (ça c'est plutôt l'air dont me regardent ceux qui ne m'écoutent pas, pseudo-admirateurs compris) c'est de passer d'une obsession à l'autre, et quand je me surprends à trop travailler, de me mettre à travailler à ne pas travailler. De prendre suffisamment à la légère mon existence pour considérer du même œil bienveillant - tous ces connards (prends ça c'est gratuit, fidèle à mon principe je me suis dit t'as commencé cette phrase, finis-là). Ne plus tenir compte de ceux qui flattent ou cassent l'égo, ne plus chercher à se flatter ou se casser l'égo, chercher le projet pas les compliments, continuer à rencontrer des gens avec qui tenter et aboutir des trucs. Pas de changement dans l'incontinuité, de l’assiduité dans le chaos.

Et sinon c'est cool de pas se laver. Et j'aime pas Zappa.

Merci bonsoir.




Spirale impropre à la consommation

Il y a eu un moment d'hésitation à l'épicerie
quand la dame à la deuxième caisse à lancé à la ronde
"Avancez s'il vous plaît !"
J'ai demandé à la très jolie caissière devant moi s'il fallait que j'aille à la caisse de la dame
et elle a dit :
"Ah, si vous ne voulez pas de moi..."

C'est avec un tout petit peu trop de voix, d'enthousiasme et d'attendrissement que j'ai répondu
"OH SI !"

Juste ça

Et j'ai tendu mes haricots à la très jolie caissière
et nous avons souri.

Ce moment gracieux et - en soi - gratuit
à la caisse de l'épicerie

m'a empêché de ramener les haricots, qui, comme je le craignais,
avaient été mal conservés, puaient, et se sont avérés
immangeables.




spirale spongieuse songeuse spirale

Je lis et regarde
http://wijbicketsessynapsettes.blogspot.fr/

en écoutant
un dimanche

cet album obsédant de tango triste, muet et beau de bout en bout, qui ne m'a jamais quitté :



je songe

songer est le mot oui

je songe

je songe que je pense trop et songe trop peu

et je songe et songe et songe

je me sens bien

j'enlève deux phrases au poème d'hier
il n'est peut-être pas toujours bon pour autant
mais je l'ai rendu meilleur.

c'est une belle journée.

Mon bandcamp - spirale de mon bandcamp



Le titre je l'ai dès le départ, de ces running gags drôles que pour moi (ce qui est déjà pas mal), monomaniaques et grinçants, qui me ressemblent tellement. J'ai deux idées qui me viennent en tête pour commencer celle-ci (je ne compte pas celle de me pendre - je blague, je suis suicidaire mais non pratiquant) :
1 - "pourquoi ne pas admettre que j'ai fait mon temps, les différents types de pressions sociales (trouve un job, sois punk, sois pop, sois mercenaire de la bière, prends l'absence d'argent et tire-toi, tu t'en fous, rehausse ma self-esteem en me laissant te briser le cœur, bon je ne trouve pas d'exemple vraiment saisissant de type de pression sociale mais vous comprenez l'idée n'est-ce pas) diminuant en fréquence, en intensité, et en impact à mesure que le grand, le gros, le grave 4-O approche, me retirer où je veux, m'occuper de réinstaller une table de ping-pong dans la maison de ma maman, travailler à faire la musique qui me plaît sans chercher à plaire ou déplaire ou crier ou blaguer - apprendre le jazz  - , et bon dieu, si en dehors des tourneries vaines de la quête de l'estime des autres, de la quête de l'acceptation, de la quête de la satisfaction personnelle, tu veux toujours écrire, et si tu as toujours de quoi pour ça, à ce moment-là, écrire, mais pour de vrai ?"
2 : "je viens de relire d'autres spirales et je les aime, nonobstant. Cela pourrait être un beau chantier de les désolidariser de leurs youtube et de reprendre systématiquement avec les moyens du bord les morceaux de musique dont ça cause. On sortirait un bouquin et un CD. On s'appellerait The propriété intellectuelle preservation society. Merde, un projet".

A partir de là j'arrête de numéroter, parce qu'en fait j'ai trop développé le premier point pour me souvenir bien du deuxième, et à l'heure où comme dans toutes les spirales les contradictions affluent, je ne voudrais pas manquer les prochaines. Une contradiction intéressante, c'est que rien ne m'inspire plus que le sentiment d'abandon et l'idée de démission qui s'ensuit. Elle ne s'ensuit pas immédiatement, j'ai tout du ridicule de ceux qui engueulent les absents, j'ai tout le côté larmoyant de l'insulteur de fantômes, j'ai toute la garde-robe du péricliteur de brocolis, et je google mes défaites comme on numérote ses abattis. Faya ! Euh je ne m'attendais pas immédiatement au freestyle, je reviens donc à ce que je voulais dire : je ne me dédouane pas de la mesquinerie, de l'onanisme, de l'affect, je les assume même, videment, pleinement, comme on veut-ement - il est temps - mais : au-delà de ça, rien ne m'inspire plus que le moment de faire ses valises et d'oublier sa brosse à dents. Il me fallait une ville paradoxale pour ça, qui te dise va-t-en quand tu arrives et je t'aime quand tu t'en vas, la capitale de l'amour vache; je l'ai trouvée. Il y a une planche sur ça dans la rubrique-à-brac de Gotlib, le comique que vient chercher la mort et qui trouve toujours un enième gag pour repousser sa visite. Je ne sais plus comment ça finit et je rappelle que je n'ai plus de livres : le budget de l'assurance après l'incendie est passé dans un téléphone suisse très design, une passoire allemande ad hoc, et les frais de mastering et de pressage d'un disque de witold bolik qui ne s'est absolument pas vendu et qui, en téléchargement gratuit, n'a pas survécu au passage de Soundcloud (quelques centaines d'écoutes) à Bandcamp (5). Il y a la planche de Gotlib et il y a une chanson que je me rappelle de quand j'écoutais plus de pop (ça me reviendra, la pop, mais pas là).



Ah. En fait c'est vachement bien... Dur à reprendre pour mon projet titanique... Où en étais-je ? Je reprends le titre : désolation, vide, absence et mort. Voyons ça : le disque, des reprises, des auto-reprises et des études sur les thèmes présents dans le disque. Ça marche. Ou pas, mais on s'en fout, la page la plus déprimante n'est visible que par moi, c'est celle des statistiques.

Était-ce un si bon titre ? Je ne trouve rien à dire d'autre... Engueuler des fantômes et re-(je crois que je l'ai déjà cité, copyright Chevillard) "tirer sur la foule de ses non-lecteurs", c'est déjà fait. Il ne reste que travailler, s'amuser et trouver ça bien. Et réparer la table de ping-pong. Une vie simple (comme celle de Norman Bates) - copyright La position du tireur couché, groupe de - Pop - de - Clermont - Ferrand -. Je n'ai plus le disque, passoire téléphone etc, et je vois pas de youtube.  Je ne sais plus quoi dire, et comme j'ai terminé la spirale d'avant avec une bonne vieille grosse - chute - je ne le ferai pas ici.

Ah si, je râle, je râle, ou pire, je menace de râler tout en faisant remarquer l'élégance que j'ai de ne pas raler alors que bon c'est pas pour dire mais je pourrais, je spi-râle, mais un de mes poèmes est publié, pour la première fois, dans une revue qui s'appelle Dissonances. Le thème de ce numéro est l'Orgasme. Ça sort en octobre. Mon texte est un peu pornographique et je m'amuse dedans à provoquer ma propre pruderie. Aka : Je n'ai osé le faire lire qu'à trois copains jusqu'ici. Et ça m'a indirectement fait découvrir ce duo qui s'appelle Le Manque et c'est très bien. Ça grince beaucoup aussi. Je voulais vous faire écouter "fonctionnaire nanti" mais là ça marche pas. Comme absence de chute je vois pas comment mieux ne pas faire.

Par défaut du Manque, et en absence de chute, une "cadence déceptive" comme ils disent, pour la raison grave et sérieuse que ça m'a fait rire :

Aaaaah ça y est j'ai trouvé le moyen... Notons qu'à force de non-fins cette spirale finit par être hyper finie (si je puis dire) :




Laura by Don Shirley - Spirale de la tempérance, du two-step, et des notes perdues




Bien avant de faire quoi que ce soit qui me donne la joie de répondre aux journalistes, j'ai toujours aimé m'inventer des interviews imaginaires, depuis que j'étais gamin et qu'Apostrophes ou Droit de réponse passait à la télé. Sans parler de Gainsbourg, d'Oscar Wilde, de Cioran ou de et de leur sens de la formule. Les réduire à ça est superficiel, et réduire soi-même à des répliques cinglantes à des questions que personne ne vous pose en réalité, est immature et un poil pathétique (tout à fait dans mon registre) ; or, "je ne me trouve jamais aussi superficiel et immature que lorsque j'essaie de paraître intelligent", comme dirait, mettons Ringo Star pour le coup.

Aussi, à la question  "Pourquoi cette fascination pour les chansons américaines des années 1920 ?". Je répondrai, dans un premier temps... "Euuuuh...". Pourquoi ai-je été autant fasciné par Jobim et la bossa nova ? Pourquoi suis-je fasciné par les interviews ? Ai-je déjà fait quoi que ce soit qui me donne la joie de répondre aux journalistes ?

Eh bien voyez-vous, je me considère toujours en apprentissage, et toujours dilettante, et toujours curieux. Je suis le type le plus sédentaire du monde, voilà pourquoi je m'invente autant de voyages. Ohla, non, coupez, c'est naze. Dans les interviews imaginaires on peut toujours reprendre les conneries qu'on dit. Je regardais Boardwalk Empire l'autre fois. C'est une série sur les années 20 aux états-unis, Prohibition, corruption, lupanars, charleston, fox-trot, two-step etc. Eh ben, je trouve ça chouette. (Le journaliste note : "chouette"). Hm. Et puis j'arrête de boire en ce moment, du coup toute l'histoire de la Prohibition donne un tour grandiose et épique à mes petites affaires personnelles. ("Chouette..." "Tour grandiose"...). Mais... Plus profondément... (le journaliste lève la tête d'un air intéressé), eh bien, je viens du surréalisme et j'ai soif de tout ce qui rend exotique, étrange, le quotidien, tout en ayant de l'ironie sur ma propre, heu, soif d'illusions vous comprenez ? (le journaliste ne comprend pas). C'est un rêve dans un rêve encore une fois. La soif d'apprendre côtoie le désir de se perdre, chaque trajet est une dérive et chaque dérive a ses limites. Je crois en l'équilibre par la dynamique, par la dialectique, par le fait de passer d'un pôle à l'autre, sincère à chaque fois, entièrement à chaque fois, jusqu'à ce que le gong dise "arrête, là, et pars dans l'autre sens". C'est pour ça que je n'ai jamais essayé les drogues dures parce que j'ai peur de ne plus entendre le gong, et la question c'est, pour qui sonne le gong, et les années 20 c'était aussi la guerre des gongs, ah ah ! (là, je joue ma carte Higelin/Van Damme, je me lève de la chaise et je... performe. Le journaliste en profite pour lever la tête de son carnet et regarder les bibelots en bois du bureau. Mes interviews imaginaires se passent souvent dans un bureau avec des trucs en vrai bois. Pas présidentiel, plutôt vieil écrivain.)

Oké. Donc, chouette, two-step, tour grandiose, performance, trucs en bois. Le peu de journalisme que j'ai pu faire m'a fait réaliser que la prise de notes pouvait être un art en soi. Là, je m'écrie  "Marge Simpson" ! Le journaliste note : "bien sûr  mon épisode préféré des Simpsons, Marge incarnant les ligues de tempérance à l'époque de la prohibition, à l'occasion de l'ouverture de La Maison-Derriere dans Springfield. Youtube. Hélas images non animées."




La bataille de chansons entre la légèreté volontiers scabreuse et l'aride refrain abstinent, c'est toute ma vie. (Là, je joue ma carte "c'est toute ma vie", une technique d'interview assez efficace : "la ligne de tramway va jusqu'à La Pardieu." - "Ah ! C'est toute ma vie !"). Peut-on réduire le désir d'immaturité chez Gombrowicz à la tentation bourgeoise de l'encanaillement ? ("en-cas allemand", note le journaliste, puis en tout petit : Bretzelitch) - non, à cause des mouvements de la conscience et du fait que la conscience en apprend plus dans ses allers-retours, dans ce parcours cahoteux, qu'en suivant une ligne droite avec un but particulier. ("but particulier ?" note le journaliste.) "Vous voulez dire que le two-step a un but particulier ?"

Je me tais et considère Edgar, mon intervieweur, avec émerveillement. "Veux-tu être mon ami ?" Lui demandè-je. "Cette formule résume d'autant mieux ma pensée que je ne vois pas du tout ce que je veux dire. Et ça, ne pas savoir ce que je veux dire, c'est toute ma vie. Ce ne sont pas tant l'un ou l'autre que la relation entre l'un et l'autre, que le mouvement, que l'électricité, qui m'intéresse. On me pose souvent (sans arrêt à vrai dire, ça ne me laisse plus le temps ni d'y répondre ni de le faire, pfiou, saleté de journalistes - sans vous offenser) la question de comment je compose : très souvent, une grille harmonique en elle-même simple et peu originale est enrichie et parfois bousculée par un ostinanto de deux ou trois notes qui tantôt soutiennent cette grille harmonique, tantôt rentre en conflit avec. Tantôt agaçantes, tantôt poignantes, tantôt en accord. C'est flagrant dans Dimanche, dans Yeux (do-mi), et aussi dans des reprises où à partir d'une grille d'accords donnée, je m'amuse à trouver deux notes qui tenteront tout le long du morceau de s'intégrer à la mélodie, plieront parfois, rentreront en franc conflit à d'autres. (Mandy weird notes, I'm gonna sit right down). C'est intéressant pour moi de reprendre les standards parce que, heu, je ne suis pas un type si théorique que ça, mais le peu d'idées que je peux avoir, les développer comme ça, heu, je trouve ça intéressant, et ça montre aussi quelque chose d'à la fois fragile et d'intemporel dans des structures considérées comme classiques, puisque, heu, c'est la définition même du standard. Pas téléphonique hein, ah ah !"

Silence, puis le journaliste : "Ah, être ami, c'est très gentil mais j'en ai déjà trois !". Il note : "trois". Barre, et renote : "3". La prise de notes est un art.

Silence, et je reprends : "Je n'ai rien inventé et je le sais, mais je pense à l'émerveillement que j'ai eu quand j'ai écouté cette reprise du standard Laura par Don Shirley. J'aime cette note incongrue qui tout le long de la ballade vient interférer, parfois timidement, parfois presque grotesque, pour prendre un sens dans l'harmonie sur un accord, puis se plier très brièvement au mouvement des autres notes, pour revenir à sa détresse dérisoire et merveilleuse de petite note, "fausse", ou seule à être vraie, perdue dans un flot romantique. C'est à la fois intelligent et sonorement ça ouvre la porte à des émotions qui... Ça correspond à l'histoire de la chanson, qui est aussi le coup du rêve dans un rêve, parce que Laura est une femme tellement parfaite qu'elle n'existe que dans un rêve, et donc que dans cette chanson, tu vois, Edgar ? La note dans ce morceau de piano, dans cet arrangement - dérangement du standard, c'est la Môme Néant, c'est l'étonnement de ne pas être né qui fait contrepoids à l'inconvénient d'être né... Et voilà, ça fait partie des moments où je me dis : j'aime ça dans la musique, quand ça raconte des histoires absurdes comme celles-là, parce que nos histoires à nous sont universelles dans cet absurde, et nous sommes tous des notes perdues (non pas comme dans Baudelaires des albatros ou des accords dissonants dans la grande symphonie, mais comme dans Gombrowicz, des êtres désireux de participer à l'humanité sans renoncer à ce qu'ils sont, et qui échouent aux deux, et dont la persistance dans l'impossibilité est à la fois la bouée et le boulet, et qui ne cesseront jamais ni d'essayer ni d'êtres jugés, et dont la seule issue n'en est pas une, enfin, j'adore l'ironie de la phrase finale de l'Homme Révolté de Camus, "il faut imaginer Sisyphe heureux"). Ah, je ne sais pas, je ne suis pas philosophe et j'ai toujours du mal à mettre en place mes idées, mais..." Pas de Youtube. Trouvable sur deezer.

"Je m'excuse de vous interrompre, mais j'aimerais recentrer le débat : la foire de la nouille... Combien d'exposants cette année ?"




Toodle-loo - Spirale de Babel


Peu à voir avec le prochain album de Jean-Louis Murat, nommé Babel aussi et enregistré avec le Delano Orchestra, dont j'ai écouté le premier titre, "chacun vendrait des grives", sur Soundcloud. Vous le trouverez.

[edit : Je m'amuse du high-score de cette spirale, linkée par un fan d'icelui sous la laconique étiquette : "un chanteur auvergnat jaloux". Le blog n'est pas mal d'ailleurs, juste, c'est de bonne guerre, c'est un fan de Jean-Louis Murat, et moi non. Ça m'a donné envie de me pencher un peu plus sur Jean-Louis Murat. J'aime toujours pas et je commence à voir mieux pourquoi. Je n'aime pas la variété aux prétentions d'élégance, et l'écriture maniérée, et je n'ai jamais aimé sa voix ni sa manière de chanter -  en fait la gentillesse et la douceur de ce que j'en dis ci-dessous ne s'explique que par le fait que j'ai toujours trouvé - jusqu'à preuve du contraire - ses fans plus sympas et ouverts que sa musique, et que je n'ai donc aucune intention de les blesser. Ça commence à faire un peu de trucs à dire, mais à l'époque :]

J'ai d'ailleurs peu (aussi) à en dire. Ça m'intimide un peu peut-être, ça ne me séduit pas complètement sans doute (adverbes forever). J'ai un peu de jalousie de base, très bête et moralement pas bien défendable (il est connu, moi non, je les écoute et j'en parle, eux non - un peu comme Johnny Halliday et Albert Einstein) (histoire de dire que cette jalousie est universelle, s'intéresse à tout ce que je peux voir défiler dans mes mails, mes fils d'actualité, mes recherches personnelles, et disparaît dès que j'ai une chance de pouvoir m'exprimer devant plus d'une personne - donc : 1) ne sous-estimez jamais mon égocentrisme, aussi subtilement que je sois amené à le dissimuler, et 2) invitez-moi), et pas mal de sympathie (un gros nuage de guitares avec des voix vagues et du texte incompréhensible, ce maximalisme me ressemble tellement peu, semble tellement à l'envers de ce dont j'ai envie en ce moment, qu'il finit par me toucher). Dans la catégorie "musique francophone écoutée en tant que passager dans un long trajet en voiture, le conducteur étant fan", je préfère Jean-Louis Murat (Mustango, un trajet chouette) à Michel Sardou (l'intégrale de son best of et mon pire auto-stop). Dans la catégorie "chanteurs français charismatiques et inventifs", comme d'habitude je préfère Dominique A (dans beaucoup de catégories, je préfère Dominique A). Dans la catégorie "Auvergne", je préfère le Cantal jeune (pour dire à quel point je suis un mauvais auvergnat) et n'aime pas trop ni l'Avèze ni la Salers (là, c'est l'excommuniation - mais bon, des années pour accepter ce fait, que tout comme pour le pastis, je préfère ce que suppose l'idée de boire du pastis ou de la gentiane - terrasse ensoleillée et accent chantant pour l'un, air de la montagne et rigolade entre copains pour l'autre - à l'ingestion en elle-même, et à ce curieux phénomène qui leur est aussi commun : une gueule de bois immédiate sans passer par la case ivresse, un mal de tête qui n'attend même pas qu'on soit saoul pour débarquer au bout de la première gorgée). De quoi parlais-je déjà ?


Babel et les langues. En juillet je m'ennuie, et août vu d'ici n'a pas l'air trépidant non plus. Invitez-moi à jouer mon opéra-rock en septembre, sinon, je m'enfilerai des heures et des heures de séries américaines, et je partirais dès le matin dans des trips wikipediens plus ou moins fructueux, je ruminerai mes échecs en mâchonnant mon Cantal jeune, bref une descente aux enfers digne de celle de Roger Waters dans Pink Floyd The Wall, surtout dans les fantômes de Vera Lynn et de l'Opéra de Quat'sous. Ca m'effrayait quand j'étais gamin, c'est kitsch aujourd'hui, mais bon, je peux faire le malin en parlant des récitatifs de la passion selon Saint-Mathieu de Bach (und weeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeinete biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitterlich), des miniatures de Satie, du Commercial Album des Residents, de Comelade, de Cage, de Patrik Fitzgerald, du Draussen ist feindlich d'Einstuerzende Neubauten et de Brautigan et de Raymond Carver, n'empêche, la première miniature minimale qui m'ait fait de l'effet et donné envie de me pencher sur le genre était bien le "Goodbye cruel world" de The Wall, son arrangement d'une note et sa fin comi-tragique tranchée à l'escarpolette. Alors, camembert.



Quel rapport avec Ba(by)bel et les langues ? Un fromage sincère et poignant. Ah, "mes pensées sont mes catains", ou, en négatif et comme disait ma prof d'histoire géo, "je crois que je pense et (ne pouvant rien tirer de ce que je pense en matière géopolitique) je ne pense rien". C'est à cause de juillet, et sa très lente agonie, que couronnera bientôt le judicieux choix aqueux de prélever une facture annuelle de quatre-vingt-dix euros le 29 du mois. Dans les commentaires d'un blog cliquable et super chouette, j'en ai assez de lire encore qu'"Alabama Song" chanté par les Doors vient de l'opéra de quat'sous. C'est faux, c'est incorrect, c'est une erreur, ça vient bien d'un opéra de Weill et Brecht mais c'est "Mahagonny". Du coup j'ai écouté le Songspiel et l'opéra en entier, et lu l'histoire. C'est vachement bien aussi, musicalement plus inquiétant et tendu que l'Opéra de Quat'sous.



Bon, il va falloir que je me remette à acheter des disques (quand juillet et sa facture de fin de mois seront passés) pour pouvoir consulter les livrets et leur traduction de tous les genres plus ou moins dérivés d'opéra ce que j'ai eu envie d'écouter ces temps-ci, parce que c'est des conditions d'écoute pas géniales, tu écoutes un morceau tout en passant un bout de temps à lire ce que tu as mis un bout de temps à trouver et qui met un bout de temps à charger en pdf pendant que le youtube joue et que tu te rends compte que c'est en fait la version en allemand d'un autre truc chanté par Jean-Louis Murat à Tokyo en 1995. Le morceau passe à la trappe facilement. Tu en retiens un truc brouillon qu'écrire, penses-tu, t'aiderait peut-être à mettre au clair, et qu'écrire, constates-tu, t'aide à mettre au confus. Tu tapes "Rasoir d'Hanlon", "Rasoir d'Ockham", "Rasoir du type de Pink Floyd The Wall", "Toodle-loo", "Songspiel", "Singspiel", "Ballad opera", et "witold bolik Broadway" dans Google. Ah mon vieil ami, tu te disperses si tu veux mon avis. Invitez-moi putain, je vous jure que je suis plus drôle en vrai et beaucoup moins prétentieux que je m'en donne l'air (évitez seulement de me faire boire trop avant de commencer).

http://www.desillusions.fr/2012/07/le-rasoir-dockham-le-chiche/

C'est Babel quoi (tsé). En fait je pensais à ces passages en anglais dans Mahagonny, notamment justement "Alabama Song". Brecht les aurait écrits en allemand, puis demandé à une traductrice de les "mettre en anglais". Retrouverais-je dans l'historique de mes errances internautiques la fois où j'ai lu qu'il s'agissait là de "parodie d'anglais". Je ne suis pas sûr que ce soit dans l'intention de Brecht au départ mais j'aime l'idée d'une parodie de langue, calquée sur la langue maternelle, réduite à une expression crue et sans lyrisme, utilisant des clichés et des raccourcis, non conventionnelle, faussement malhabile, authentiquement minimale. Cette fausse maladresse qui me touchait dans les phrases discrètement bizarres des chansons de La Fossette par exemple - par modèle. "Les cheminots sont sombres" (dans "Trombes d'eau", toujours pas sur youtube apparemment), ça se rapproche de ce que j'imagine de plus chouette dans ce que serait de la "parodie de français". La phrase est correcte et poétique, et joliment pas naturelle - "obscure et âpre", un peu comme ce que reproche ici Sainte Beuve à Louise Labbé (merci Zazar pour cette référence inhabituellement classieuse) : « On ne peut disconvenir que dans ce sonnet si beau, mon désiré heur pour bonheur ne soit bien dur et heurté. Louïse a beau faire, elle se ressent un peu de son maître lyonnais, Maurice Scève, le plus obscur et le plus âpre des rimeurs de son temps. »

http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/lettres/louise/sonnets/viii.html

Quant à moi j'ai tellement écrit de chansons en parodie plus ou moins volontaire d'anglais que je traverse à présent une Crise d'Inspiration, je vous le dis tout net. Tout ce que j'ai fait ces derniers temps, c'est quelques poèmes et, avec ma fiancée, la loooooongue, très longue comptine écrite par mon papa pour mon ptit neveu Antonin. Du coup j'ai laissé l'enregistreur chez la miss, ce qui explique aussi que je n'ai rien enregistré ces dernières semaines. Invitez-moi. N'hésitez pas à me payer hein, prévoyez tout de même au moins de quoi me défrayer, mais surtout, invitez-moi. Des vidéos à venir. Bientôt.

http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article5409

Dans les parodies de langue, et en regardant une série (pas très réussie celle-là), je suis tombé sur "Toodle-loo". Un américain d'origine anglaise à Los Angeles écrit un sms à une femme qu'il désire séduire, et termine ainsi son message, en expliquant à son pote le sous-texte : "et je termine par "toodle-loo!" : allusion à ma britannicité". Je me suis dit que ça devait être typiquement britannique donc, et j'ai cherché pourquoi, je suis tombé sur ça :
http://fr.urbandictionary.com/define.php?term=toodle-loo

Je sais maintenant comment mal prononcer "toodle-loo", en parodie de français parodiant l'anglais qui parodie le français. Et Stephen Merchant dans sa série "Hello Ladies" est pris en flagrant délit d'approximation, mais vous vous doutez que de ma part ce n'est pas un reproche. 

Toutoulou donc ! Ouilmiteuguène !


(Hé, c'est elle Vera Lynn, c'est celle qui chante ! Kubrick a fait la blague avant Roger !)







summer is ready - spirale de plage

J'ai envie de nous faire rire
mais je ne trouve rien de drôle à dire

il y a eu cette sensation ce matin en me réveillant
de vacances comme quand j'étais gamin
dans ces espèces de trucs préfabriqués de bord de plage
qui nous faisaient rêver
alors que bon

sans doute seulement d'être ailleurs c'était
et l'odeur de la mer
et ces discrets courants d'air la promenant l'odeur
jusqu'à nos deux narines intactes d'enfant non-fumeur

voir un type en tongs
mettre soi-même des chaussures de couleur extrêmement vive
avec des chaussettes tout de même
et des courants d'air très discrets et se balader torse nu chez soi
et les sets de table neufs sur une table très rarement précieusement propre et désencombrée
plane la table
étale

il y a eu l'autre sensation d'un courant d'air de luxe
le courant d'air parfait comme une caresse brève
un clin d’œil du vent un geste tendre impromptu

il y a eu aussi la serviette de plage tombée d'un des balcons de
heu la petite résidence
comme ça arrivait parfois
dans ces trucs préfabriqués de stations balnéaires
qui nous faisaient rêver
alors que bon

comme si la mer était à côté

comme si on allait tous se baigner

tous à Clermont-Ferrand

dans nos petites résidences

allez hop

tous en maillots de bains

oh gouvernements
faites passer vos lois cheloues
durcissez vos conflits, encrassez vos manigances

moi le peuple j'ai la tête ailleurs et je laisserai tout passer
en émettant à peine le grognement vague d'un vacancier en pleine sieste
que le bruit du monde comme un moustique vient agacer
sans vraiment réveiller

car les courants d'air jouent ici par la fenêtre
les choses sont jolies
les choses ont "la couleur locale"
ce n'est pas de leur faute ça leur a pris comme ça
à cause d'une table propre et d'une serviette et d'un type en tongs
ce n'est pas grave si c'est sale et petit
plein de sable et plein d'ennui
ce n'est pas grave si les gens crient
les choses sont toutes enduites de "couleur locale" comme d'une crème solaire
visqueuse mais bienveillante
et tout est bien
même ici

une envie de bonheur débile sans une once de culpabilité
pleinement légitime d'être totalement imméritée
oh yeah
et j'écoute la dernière éclaboussure des copains du webzine
(tiens-c'est-gratuit-c'est-bien : http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article5490# )
et plus que jamais

Summer is ready when you are.













It's up to you I'm alright - Spirale du temps perdu


Certes, pourquoi ne pas être en permanent conflit avec soi-même ?
Mais certes, et du même coup, pourquoi ne pas cesser de l'être ?
Le conflit intérieur anti-conflit intérieur, ou chercher la manière la plus compliquée (et donc, simpliciste) de se sentir bien au final.

Après avoir vociféré plus haut ma détestation de toute forme de nostalgie, et voulu décréter qu'elle n'était que mensonge, je décidai donc d'accepter mes penchants nostalgiques du moment, et je me lançai au passé simple (chose rare chez moi) dans cette furtive recherche du temps perdu en trois volets sonores.


RTP#1 - je rejouai ma première chanson en anglais, je la réarrangeai et la réécrivis.
Parfaitement inédite puisqu'abandonnée par mon premier groupe, elle contenait tout ce que j'ai mis plus tard dans les chansons que j'écrivis en anglais : des fautes et des approximations d'anglais, des slogans ambigus ("c'est à toi de voir, moi ça va bien, je regarde l'heure") chantés en canon, un sentiment d'abandon enseveli sous des couches d'ironie, un break anti-conformiste brisant le train-train harmonique (du même acabit que ceux qu'on reprocha plus tard à Bolik dans Old wave ou Dead singers, les croyant plaqués après-coup), une légèreté soucieuse et un goût immodéré pour les mélodies entêtantes. Je pris beaucoup de plaisir à me souvenir de tout ça et à le mettre au diapason de mes obsessions du moment, notamment les lignes de basse extravagantes (bon sang que j'aime jouer de la basse), et les chœurs improvisés. Je rajoutai le nouveau slogan ambigu, devise à la Janus : "je devrais revenir dans les années 90 et travailler sur mes compétences sociales". Le résultat bien fragile me toucha à la réécoute, bien au-delà de ces qualités ou de son absence de qualités musicales, et j'eus seulement envie de continuer cette recherche du temps perdu, que, pour ne faire aucun tort aux écrivains moustachus et rendre justice à la portée miniature de celle-ci, je choisis dorénavant de désigner sous l'acronyme RTP.


RTP#2 - je me servis du tout premier instrument qu'il me fut donner de toucher. Cour d'école d'un petite ville (socialiste) de l'Hérault. Prêté par un copain qui ne semble pas voir l'intérêt de ce gadget ridicule, un clavier électronique monophonique de la taille d'une grosse boîte d'allumettes (la pile 9V prenait la moitié de la place). J'essayais en vain d'enregistrer sur le séquenceur (car il dispose d'un séquenceur) les syncopes de Rock it d'Herbie Hancock, un de mes premiers chocs auditifs. J'en retrouvai un aux puces dans les années 1990, et en fit en 2000 la pochette du premier disque du "De Witold Bolik Projekt". Je le sauvai de l'incendie de mon appartement et l'entreposai chez un ami pendant un an. La taille minuscule de l'engin me contraignit à de longues errances dans mes tentatives de prise de son. Je finis par me dire que le plus simple était de profiter des dérapages sonores dans les aigus pour produire grâce au séquenceur une figure rythmique simplissime qui me ferait office de boîte à rythmes. Je voulus jouer amazing grace, tant le bourdon de la première piste me rappelait celui des cornemuses, mais mes doigts me menèrent vite à la mélodie de ce standard de Beck, dont la portée nostalgique se révéla plus grande encore que celle des cornemuses.
Le résultat sonore en était plutôt objectivement laid, mais cela me laissa indifférent. (si ça ne marche pas en "embed", essayez là : http://witoldbolik.bandcamp.com/track/loser-beck )


RTP#3 - Continuant à laisser mes doigts vagabonder dans les quelques millimètres carrés de ce si joli instrument, je réalisai que la meilleure manière de rendre le son si particulier du haut parleur et des vibrations du plastique serait d'utiliser un microphone d'une taille et d'une qualité équivalente : celui de mon téléphone portable. Je me lançai donc dans une interprétation "fleurie" du September Song de Kurt Weill. La première version que j'avais écoutée, celle de Coleman Hawkins, aux rugissements merveilleusement indécents, outranciers, sensuels, avait contribué à bouleverser mon adolescence (laquelle adolescence ne demandait qu'à être bouleversée, il faut bien le dire), et c'est une des mélodies que j'adore, des fois jouer, des fois essayer de jouer.
Si j'essaie ou si je le fais, pour cette version, "c'est à vous d'en juger ; moi, ça va bien. Je regarde l'horloge."

brève spirale à l'envers

les mots

Les mots.

Les

mots


ne sont JAMAIS

les   mêmes

(pour exprimer ce

qu'est le



blues ?)

Voilà que ce matin le vieux tube résonnait
comme un poème de Mallarmé

semé de blanches espaces


ou Mallarmé comme un rocker tonitruant

tandis que je travaillais à de nouveaux flops
ou à trouver une manière qui ne soit pas complaisante de placer le mot flop dans ce poème
tandis que je brouillonnais obstinément pour rendre au mot flop
sa flamboyante beauté

sans trop insister


et que mon estomac exprimait le désir d'échanger sa place avec mon cerveau qui vice versa

d'ailleurs tout vice versa

c'est décidément
le carnaval

me disais-je
la matinée de la transformation

mais c'était bien le même moi qui tant de fois s'était déjà dit ça
et qui écoutait le même (mais pas celui de l'autre)


Pascal Comelade - El pianista del Antifaz






J'ai fait la manche une fois à Rennes
Je n'avais pas de quoi me payer mon costume de mariage

Ça s'est arrangé

Voilà toute l'histoire

et après
à une terrasse d'un bar avec mon frère
j'ai trouvé d'une laideur terrifiante
l'espèce d'introduction world music et synthés
Puis ridicules les trémolos grandiloquents du chanteur
d'un disque qui passait
quand les guitares hard rock sont arrivées
je me suis dit que je n'avais jamais rien entendu de pire
et j'ai reconnu Noir Désir
l'intro d'un live

Je vais vous dire que je me suis dit
tout ce que je me dis à présent
en écoutant chez moi
El Pianista del Antifaz, le dernier album de Pascal Comelade

Je me suis dit que je n'aimais pas qu'on tire la manche à mes sentiments
Et qu'un disque vienne et me dise : "allez maintenant tu ressens"
que je n'aimais pas non plus faire la manche aux gens
ni leur dire ou faire sentir "soyez indulgents"

il y avait donc un truc où il était question de manche
voilà
je n'aime pas les effets de manche
je n'aime pas quand la pluie dégouline dans mes manches

Sinon (habile transition)

J'ai connu une Suisse-allemande
C'était une histoire en carton-pâte genre "heu boarf on n'a qu'à essayer
hein
on s'aime pas bien enfin pas de ce genre d'amour mais bon
on n'a que ça à faire on n'a qu'à faire ça"

Ça s'est terminé

Voilà toute l'histoire

je l'ai invitée chez ma maman
elle m'a offert comme cadeau d'anniversaire et remerciement d'accueil et
de rupture et de bien ce que je voulais

mon premier disque de Pascal Comelade

Oh Barbara
C'était un merveilleux cadeau
Hey Barbara, merci pour ça !

Hé Barbara aussi c'était une bonne idée
d'arrêter ça

Je ne savais pas bien quoi ressentir pour toi
Je ne te trouvais même pas très plaisante et tu ne m'aimais pas
Tu parlais assez bien français déjà
Pour m'ennuyer - désolé mais c'est vrai
Je t'ennuyais moi sans avoir pour cela à prononcer
un seul mot
je t'ennuyais d'un regard d'un geste d'une absence
Je t'ennuyais juste de moi et moi je m'ennuyais aussi de toi de moi de tout
Ah, Barbara ! Quel ennui !

Et pourtant écoutant le disque que tu m'as laissé
de Pascal Comelade
j'ai appris
Que mes sentiments
Ou mon absence de sentiments
étaient à moi
pour toujours

J'ai pleuré des fois
J'ai rigolé des fois
j'ai pensé à toi Barbara
j'ai pensé à moi François
j'ai pensé très vite et le reste du temps plutôt à tout ce qui n'était
pas toi tout ce qui n'était pas moi
Parfois je ne ressentais presque rien
et la musique était là comme un ami
qui ne dit rien
qui ne juge pas
qui ne fait pas d'efforts pour ne pas juger
qui ne fait pas d'efforts pour être là et se déployer
ou pas
peut-être parce qu'il s'en fout
peut-être juste parce que pour cet ami la musique
ça suffit d'être là

tout le monde prouve et conteste et démontre et arrache
qui des larmes qui des arguments qui des sourires
La musique de Comelade elle s'amuse d'être soi

Je ne sais pas comment le dire
Sans vous ennuyer plus que je ne le fais déjà


souvent la pop démontre et veut dire et s'applique
et tire la manche
à nos sentiments
à nos idées

La musique de Pascal Comelade n'est pas là pour nous convaincre
La musique de Pascal Comelade n'a rien à prouver
Didier Wampas non plus mais là n'est pas le sujet


J'ai connu une Suisse-allemande que je n'aimais pas éperdument pour une fois
et qui m'a sauvé l'ouïe et l'âme
qui m'a appris à prendre le lyrisme pour ce qu'il est :

(aphorisme en cours)

(aucune idée)

non, vraiment pour ce qu'il est

(je ne sais pas il fallait le mot "lyrisme" là
car la lyre est un beau petit objet
un beau petit jouet
et le lyrisme l'art d'en jouer et de s'en jouer
sans le détruire)



Je viens de comprendre pourquoi
Barbara m'a offert ça
Il y avait le morceau
"I put a Barbara Steele on you"

Et j'ai compris le jeu de mots

aujourd'hui

et aujourd'hui

j'ai ri

cependant que mon nouvel ami se déploie
et déploie "el skatalan logicofobism"
qui y était déjà
différemment
dans trafic d'abstraction

et là
moi
ça m'émeut à mort
et la prochaine fois
je ne sais pas

le temps passe
Pascal Comelade est un artiste
L'eau bout à cent degrés celsius
le lyrisme se balade en débardeur
Le lyrisme a des poils qui sortent
et pas de manches
même quand il fait froid

mais le temps passe, oui, et, oh Barbara
je ne pense pas à toi.

Je n'y arrive pas mais je sais
que ça ne te dérange pas

et je t'envoie
ce sourire

Sinon
Une fois
A Rennes
devant un distributeur dont, en somme, je bloquais l'accès
J'ai fait la manche.

Ça n'a pas duré deux heures et
Je ne courais aucun risque
mais voilà

J'ai fait ça.






http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article4964
http://www.because.tv/shop/Pascal-Comelade/el-pianista-del-antifaz



"Je ne sais rien de plus déchirant qu'un drap" - spirale rapportée de Grégoire Bouillier


J'ai lu un livre. C'est un évènement en soi. C'était Rapport sur moi, de Grégoire Bouillier. Il m'était offert par une amie, Milady Renoir dont je sur-recommande le blog. 

Ça parle assez peu de musique, mais dedans il y avait ça, qui m'a fait un bien fou et qui m'a fait sentir moins seul après tout à être venu à la pop et au punk par l'expérimentation bruitiste, au jazz par le free, au joli par le viscéral (et gardant en filigrane dans le joli le viscéral, comme Pascal Comelade plus clairement que d'autres le fait selon moi). Et qui m'a fait rire aussi. 

"Lorsque je gagnai à seize ans mon premier salaire, j'achetai un magnétophone quatre pistes Akaï ; toute la journée je me revois occupé à enregistrer le bruit d'un drap qui se déchire et celui d'une porte qui se ferme. L'idée m'en est venue sans que je sache comment. Je ne me pose pas la question. J'ai juste envie de faire de la musique et, ne sachant jouer d'aucun instrument, je fais avec ce que j'ai sous la main. 

Mais le magnétophone ne parvient pas à restituer les sons que j'ai en tête. Ce ne sont pas mon drap qui se déchire ni ma porte qui claque. J'ai beau propulser les chambranles à la volée ou sèchement, fendre le drap d'un coup bref ou très lentement, les sons qui me reviennent par la bande restent approximatifs. Je m'obstine cependant, captivé par l'artifice de mon dispositif. J'ai l'impression d'évoluer dans un autre temps. C'est une expérience inédite. Pour une fois ce n'est plus moi le problème, mais le micro. 

A la fin, j'obtiens un mixage qui fait illusion. Il est le meilleur morceau de musique jamais enregistré puisque j'y ai mis le meilleur de moi-même. Les claquements de porte font la rythmique et les draps qui se déchirent jouent la mélodie. On dirait des riffs de guitare électrique. Parfois un orgue de cathédrale. Le morceau dure huit minutes. Je l'intitule "Dans de beaux draps". Il s'en dégage une âpre harmonie répétitive qui m'émeut. Quelque chose d'africain et de futuriste à la fois, avec, au milieu, un passage qui dilate le temps jusqu'au silence. Je dois l'écouter un milliard de fois. Jamais je n'ai entendu un truc semblable. C'est quelque chose que j'ai inventé. Je le fais entendre à mes copains. Ils trouvent ça nul. Ils veulent écouter le dernier Rolling Stones. Ils préfèrent travailler les partitions de Marcel Dadi et fumer des joints." 

Ça ne parle pas beaucoup de musique sinon, à part de Zappa et ça donne de bonnes raisons de l'aimer, mais moi je ne l'aime pas. Je me dis : quand j'arrive à terminer un livre, je n'ai qu'à faire une spirale, c'est moins passif qu'un youtube après tout. Sur ce, j'ai des amplis à bouger, je nous laisse.

Août - spirale vierge

Que diriez-vous, et qu'y dirai-je, d'une et dans une spirale sans musique (la vie est une erreur) ? Un peu de FerLiPo (fermoir de littérature potentielle), dans la lignée de l'abandon de la laverie, une spirale sans tambour (ni trompette évidemment). Je ne sais pas ce que vous en diriez et je n'ai qu'une idée bien floue de ce que je pourrais y dire, mais du moins ça me dit - et je ne peux pas dire cela de beaucoup de choses.

J'en écoute tout de même, toujours. J'en écris et j'en joue un peu aussi. J'écoute même "mon" disque, qui va bientôt sortir et dont j'espère faire ici et de préférence ailleurs une promotion aussi éhontée que désillusionnée. J'ai 38 ans et 109 sympathisants (bien que sur ces 109, une bonne centaine semble l'avoir oublié) sur ma page artiste "witold bolik" dans le réseau communautaire Facebook. Mon groupe n'est plus ; mon père trouvait le dernier album, et ma musique en général, "chiants", et ceux qui l'aimaient bien n'en parlaient pas à l'immense majorité de ceux qui ne l'écouteraient jamais ; les deux connaissances qui l'aimaient un peu et prétendaient le défendre m'ont signifié (l'une très explicitement, l'autre de manière plus équivoque) que c'est mon groupe, et certainement pas son chanteur, ni même ses chansons, qui avait gagné leur respect. Quant au respect qui régnait à l'intérieur du groupe, je mettrai fin à cette envolée d'expression indécente de soi en me contentant de constater que je crois bien demeurer le seul à m'être rendu compte de la dernière violente insulte que j'y ai essuyé. Sa vie son œuvre, tout ça. Je ne m'attends pas à la gloire, ni même à ce que les gens qui ne m'ont jamais pris au sérieux, quand ils ne m'ont pas dénigré, fassent soudain mine de s'intéresser à ce que je fais. Je ne m'attends plus à ce qu'on me parle ou qu'on me réponde. Les gens sont pudiques. Il en faut beaucoup pour faire surgir des sentiments, si vous le faites avant eux ils vous le reprochent et vous condamnent au silence ; s'ils le font avant que ça vous vienne à l'idée c'est trop tard, et je n'ai jamais vu que ce soit pour exprimer de la bienveillance à votre égard. Je connais ici plus d'amitiés rompues avant d'avoir eu lieu qu'il n'y a de groupes de punk rock britanniques sur ce blog passionnant : http://www.punk77.co.uk/ . (Je ne vois pas le rapport non plus, j'essaie juste de faire des phrases).

Peut-être que c'est à cause d'août. L'autre fois j'ai croisé quelqu'un que je connais vaguement. Tandis que je me creusais la cervelle pour trouver quelque chose d'inintéressant à dire, il m'a interrompu pour me dire son quelque chose d'inintéressant à lui et couper court à la non-conversation. Je suis revenu un peu agacé, en me disant que je préférais nettement mon type de phobie sociale à la sienne. C'est une drôle de victoire. Une série comique américaine en ferait quelque chose de marrant et de réussi, quelque chose comme "l'empathie - aussi inutile que les jeux d'hiver (bientôt sur NBC)" (30 rock)  ou un tee shirt "erreur 404", ou un gag. Moi je compare mes phobies sociales à celles de mes pas vraiment camarades en mettant des semaines à réaliser ce que ça a de désolant et de désopilant. Me faire couper la parole avant d'avoir trouvé quoi dire, c'est toute ma vie. (Je veux faire ma série avec ses slogans, j'y mettrai un personnage qui rajoute tout le temps "c'est toute ma vie" dès qu'il entend une généralité. J'en parlerai au staff).

Le tube d'août et des villes vides, désertées avant tout par ceux-là même qui y sont demeurés, reste encore à écrire. Ce sera mon premier non-morceau. (Un Waterloo Sunset version morne plaine ?)

Et mon dernier, en fait. L'idée de l'exercice était plus amusante que son exécution, et je crois avoir dit ce que j'avais à dire (à surligner : 38, 109, agacé.)

Ada - spirale ardente


J'ai écrit sur le webzine adecouvrirabsolument deux chroniques de disques dont le caractère spiralesque (= références incongrues + propension à raconter sa vie + laverie) me semble, euh, spiroutique.
Kimya Dawson/Aesop Rock dans the Uncluded m'évoquent l'adjectif Herbalpertien :

Parfois, il neige en avril - spirale météorologique


QUAND J'ETAIS JEUNE,



j'ai envoyé à Monsieur Pascal Comelade une reprise de sa reprise de Faust (je ne connaissais pas l'original, à ce moment).
Dans la même période (périphrase, si je ne m'abuse), j'ai envoyé à Laurent du groupe Paloma une reprise de sa reprise de Syd Barrett (j'avais oublié l'original).
A l'aube des années nonante (là, sûrement périphrase, non ?), j'avais envoyé à Eric Rohmer le poème mignon, fatalement mignon, imputresciblement dédié à la mignonnerie, scellé dans son mignonnisme, très mignon dans ses farouches emballements anti-mignons pleins de mignonnerie, très peu, un peu, à peu près pré-gombrowiczien, bien avant la prise de conscience gombrowiczienne de la cuculisation parce que je ne l'avais pas encore lu, sous-cul-culaire, mais que me perds-je dans ce registre que m'avaient inspiré les influences conjuguées de la vision de "Conte d'été" et de la demoiselle aux yeux noisette qui patati patata.
Las, ou tant mieux, le temps des maladresses, de l'innocence mais aussi de l'ignorance est venu à terme.
Je suis devenu averti, aguerri, et/ou aigri : j'ai su que le silence était d'or quand les disques laissaient de bois, d'orée de bois, ou quelque chose comme ça. J'ai donc cessé de faire des reprises de reprises.
Sinon, j'aurais bien repris la reprise de cette chanson de Prince par le groupe d'un ami, qui s'appelait Left. Elle était très simple, très brute, très jolie, elle a disparu dans mon appart (qu'on démolit lundi prochain). En l'écoutant, M. a dit : "ah je suis sûr qu'ils l'ont reprise à cause de l'espèce de changement de tonalité cheloue du refrain ("sometimes i wiiiiiish...")".
M. exprimait une certaine désapprobation, genre :"ah, voilà de l'art pour l'art et de la musique pour musiciens".
Il n'avait sans doute pas tort. Je ne sais plus ce que je voulais dire à propos de ça, surtout si je m'en tiens au principe tacite des spirales qui est de renoncer à toute prétention musicologique. (Tiens, j'avais un principe tacite moi ? Ce qui sort de mon cerveau a toujours le don de me surprendre).
Toujours est-il qu'à part me plaindre du fait de commencer à me sentir vieux, cette espèce de changement de tonalité cheloue a beaucoup de charme. Et que oui, c'est très peu punk, c'est bien un peu dégoulinant, et c'est Prince, et ça date bien AUSSI, et peut-être bien que voilà de l'art pour l'art et de la musique pour musiciens, en même temps, cher M., si je trouve un lien entre cette espèce de changement de tonalité cheloue et l'expression du sentiment de tristesse d'un avril froid qui m'appartiendrait, est-ce que ça fait de moi un crypto-musicologue ? La question qui précède celle-ci n'est-elle pas uniquement rhétorique, son seul intérêt étant de contenir l'expression "crypto-musicologue" ? En tout cas, je m'en va réécouter ça, moué.
Ah ben tiens la version originale (edit) est enfin arrivée sur youtube (toujours pas la reprise de Left).



(Le surlendemain, j'ai envie de rajouter que :
- J'ai toujours eu tendance à prendre au second degré l'expression de la souffrance chez le punk-rocker depuis les années 1990 (CE QUI NE NOUS RAJEUNIT PAS), et au premier degré les hommages incongrus, embarrassants.
- De la même manière que j'ai tendance à m'attacher à ce qui m'agace, j'ai beaucoup de plaisir à cultiver ceux de mes goûts qui me valent le plus de moqueries et de débats contradictoires, ceux qui agacent mes amis, comme : Rohmer, et Prince.
Du coup je cherchais le splendide morceau "Prince alone in the studio" de Smog, et je ne le trouve pas via le moteur de recherche du blog qui permet d'intégrer directement les vidéos. Alors je me dis que si ce moteur se met à déconner, il va falloir que j'arrête les spirales et que je me remette à écrire un feuilleton, un roman, un truc, une bonne vieille histoire comme disent avec dégoût les plus contemporains de mes contemporains, une auto-fiction à conduire sans permis, une moto-mais alors très-fiction, une piéton-fiction, quel que soit le nom que les divers non-lecteurs voudront mal lui donner.  En plus, c'est écolo, une piéton-fiction, et quand le moteur de recherche du temps perdu se met à déconner, ça s'impose. Etc pour les jeux de mots (self-service, station essence, étapes, airs d'autoroute et d'opéras, il y a de quoi faire). La bise, écoutez Smog, mais vous faites bien ce que vous voulez.)




Low-fi - Spirale où la portabilité prime sur la puissance

Ce que je peux écouter tant que je ne suis pas chez moi, sur des petites enceintes d'ordi sans avoir à mettre un bordel monstre avec des câbles partout, ou transférer laborieusement du streaming sur des clés : les enregistrements des années 20, les Deity Guns (découverts sur un magnéto mono qui faisait office d'autoradio dans une R5 extrêmement bruyante) et d'autres trucs noisy qui ne privilégient pas les effets subtils et les contrastes de dynamiques. Comme en une phrase je suis déjà trop bavard, je vous mets d'office les morceaux, quitte à en changer la liste après. Une sélection pour l'audiophobe perverti donc, par opposition bête et méchante à toutes celles destinées aux audiophiles avertis.


Requesciat in pop - spirale impromptue



Quand j'avais dix-sept ans, DJ Enterrements aurait pu me demander des conseils. Je connaissais par coeur la bande-son de la mort majuscule, de l'exaltation mystique et de l'élan tragique. Requiem de Mozart en indéboulonnable numéro 1, évidemment ; poursuivi par un peloton mené par Schubert, Chostakovitch, et (bon...) les chœurs de l’Église Orthodoxe de Russie. C'était aussi la bande son de mes petites morts retracées fébrilement sur mes cahiers Clairefontaine (c'est une des très rares choses pour lesquelles je ressente une nostalgie vraiment pure et sans mélange ni dérision, l'ancien design des couvertures de cahier Clairefontaine), je l'écoutais en boucle au casque et il m'a fallu acheter plusieurs fois le même disque car mes écoutes répétées mettaient en cause la prétendue inaltérabilité du support CD. Je l'écoutais pour m'exalter. La moindre vétille de regard manqué ou de jus d'orange périmé prenait des proportions lyriques qui m'enchantaient.

10 - Séchage et remballage

Les spirales et leurs entraves. Quelqu'un avait dû laisser une enclume dans la poche d'un pantalon, pendant un temps un essorage apocalyptique a fait vibrer les murs de la plus bruyante des teknos ; on s'entendait fort bien penser cependant, parce qu'on ne pensait que silence et chaos et qu'il y avait de la place; quand on est d'accord avec le monde, on est d'accord aussi avec ses tremblements et ses paniques et l'impression qu'il donne d'être à deux doigts de tout détruire, y compris soi et son linge sale et les bizarreries de sa conscience, regrets et projets, rêves éveillés et pensées magiques, rages plus ou moins détournées et pardons donnés à la volée, sans y penser. Rien ne dure et quand on le sait on peut tout encaisser. Quand on est d'accord avec tout, ce qui nous détruit, ce qui nous embellit, tout ce qui nous oublie et tout ce qui nous aime, les choses et les gens, on n'a plus rien à dire.