Low-fi - Spirale où la portabilité prime sur la puissance

Ce que je peux écouter tant que je ne suis pas chez moi, sur des petites enceintes d'ordi sans avoir à mettre un bordel monstre avec des câbles partout, ou transférer laborieusement du streaming sur des clés : les enregistrements des années 20, les Deity Guns (découverts sur un magnéto mono qui faisait office d'autoradio dans une R5 extrêmement bruyante) et d'autres trucs noisy qui ne privilégient pas les effets subtils et les contrastes de dynamiques. Comme en une phrase je suis déjà trop bavard, je vous mets d'office les morceaux, quitte à en changer la liste après. Une sélection pour l'audiophobe perverti donc, par opposition bête et méchante à toutes celles destinées aux audiophiles avertis.






Ah et le Velvet, disque avec la banane découvert, adoré, écouté et réécouté d'un seul côté de la stéréo à l'époque, la platine déconnait. (Au point que quand j'ai écouté le CD dans un bar, je me suis demandé qui avait osé rajouter ce tom basse sur Heroin, je crois l'avoir déjà raconté, je ne sais plus où.) What a clown.
Ah, ça :

Plus que jamais (toute musique pouvant désormais porter ce magnifique titre) :
Et bon sang mais oui, toutes ces chansons merveilleusement bien écrites et chantées et si mal produites, qu'on finit par écouter et réécouter en secret, qui commencent toutes par un gling gling de takamine lexiconée ou je ne sais quoi, une espèce de guitare tout le temps la même, clinquante et dérisoire, ou le piano de recouvrance, pareil, qui sonne comme un clavinova de 1990, des chansons d'or dans un écrin de mauvaise matière synthétique, sûrement que c'est volontaire, sûrement que ça s'est trouvé comme ça, sûrement que ça ne me regarde pas, bref, très bien pour nos petites enceintes et nos grands élans, tout l'album, peut-être un peu les autres aussi, et puis toutes ces chansons qui dépassent par leur force d'évocation (enfin les clous qu'elles ont rivés en nous) leur "production", leur démission de production, ce dans quoi le son a voulu les mettre, de la vieille jeune chanson française pêchue, ne parvenant (ce con de son) qu'à égratigner, à peine, la beauté qu'au fond elles avaient, pouf chaque fois je me tais et en parlant je me rends compte que j'avais besoin de parler, même pour dire rien et me laisser guider par rien, enfin juste pour dire ah ça j'aime bien, diminuez encore la taille de mes enceintes et de mes espérances, laissez moi un demi-watt j'aimerais encore dans ma tête, dans ma gueule quoi (dommage qu'elle ne soit pas sur youtube cette reprise avec Comelade, qui lui a un côté Steve Albini catalan, mauvaise tête et beaux sons, pour faire plus vite que vite, pour dire n'importe quoi - car telle est ma fonction dans ce monde) :

D'ailleurs et à sa décharge, nos adolescences, nos cuites, nos épiphanies et nos échecs ont-ils été si bien produits, si bien enregistrés que ça ? Notre jeunesse, à la réécoute, a-t-elle quoi que ce soit d'un mur du son spectorien ? Notre vie ne manque-t-elle pas d'une direction artistique digne de ce nom ? Can a good mix save a bad song (Ste Albini aussi, à l'époque de Big Black, dans le livret d'Heart Atomizer) ? Les souvenirs se remixent à la pelle. J'en avais une autre, elle me semblait bien bonne. Ça me reviendra.

Et les Buzzcocks, sur enceintes de 12 mètres en digital remaster ou symphonic kazoo ensemble ou en duo avec Luciano Pavarotti, ça m'irait toujours.


On ne parle pas assez de la pornophonie de la mélancolie. "J'aime ma propre mort et la tristesse sans fin", écrivait pas loin d'ici un joyeux drille de nos amis. Dans cet état d'esprit tout ce qui est triste est bon à prendre, et on se fiche de ce qui est aimé ou décrié, réussi ou raté. Mettez-y ce que vous voulez, j'aimais la formule mais je ne parviens pas à la développer. Amis philosophes... Ah non c'est vrai, je n'en ai plus. Amis sociologues... ? Heu... Amis ? Mettez-y ce que vous voulez.


Sinon, j'ai downgradé mon équipement (jusqu'ici je squattais l'ordinateur de mon amoureuse, j'ai acheté un de ces adorables et tout pitits ordis qui font primer la portabilité sur la puissance, ce qui me convient très bien) et testé la fonction magnétophone de ce myspace discret et intelligent qu'est soundcloud. Ca marche, c'est lo-fissime, c'est brut, ça ne nécessite pas de mobiliser des gens qui ont bien d'autres soucis,  qui ne nous regardent pas, qui ne nous regarderont jamais (les gens, les soucis, mgrf mettez-y ce que vous voulez), c'est parfait. Pas la chanson hein, le principe. Et le son, mais alors, je n'aurais jamais osé rêver plus laid. La minabilité du micro intégré est comme transcendée négativement par les bas-parleurs du netbook (ça y est j'ai retrouvé le nom). On blague, on blague, mais pour quelqu'un qui comme Robert Wyatt (et sans doute d'autres) ne font de la musique que parce qu'en faire c'est le moyen le plus simple d'écouter exactement ce qu'ils ont envie d'écouter au moment voulu, c'est parfait.

La voici. (Si ça marche. Ça marche ? Vous aimez mes chaussures ?)

C'est embarrassant d'expliciter en une seule phrase des références aussi téméraires qu'Eliott Smith (L.A., "If Patience started a band, I'd be her biggest fan") et Elvis Costello (Everyday, everyday, everyday I write the book) - mais dans la mesure où je démontre ici qu'ils n'ont rien à craindre de moi ni de mes très modestes productions, je ne suis plus à cet embarras près. (Pas de commentaire sur le clip).
Comment disait Miller déjà ? "Création d'une mythologie personnelle" ou quelque chose comme ça. Portable, la mythologie.

Portative. Edification d'un mythe personnel.

La dialectique peut-elle briser des coeurs ? Une triplette (ça faisait longtemps). Thèse, re-thèse, pas-trop-thèse. (Mais-qu'il-se-thèse !)


(impossible de trouver sur youtube le Dialogo de 1967 sur l'album "Wave" de Jobim, je m'excuse - mais après tout il s'agit là d'une sélection lo-fi et empressée, rappelons-le)
Une question que tout le monde se pose : Peut-on décemment clore une spirale ? Moins bien, mais c'était celle que j'avais en tête au départ : Peut-on décemment clore une spirale par "www.TubaPeter.com" ? Il y a aussi : Peut-on décemment clore ? aux nombreux échos, et le minimal (I <2 minimal) : Peut-on ? Qui pourra se réduire à : Pied (qui n'est pas une question). D'où la phrase d'Hermann Dune, qui, à ce que je crois me rappeler, clôt (justement) la dernière chanson de l'album Not on top (pas au sommet, mais peut-être de retour sur le plancher des vaches) : "I've always been a pedestrian".

 Une question que tout le monde se pose, c'est : Comment faire une transition habile entre ce morceau et celui-ci ? Pieds, danse, Charleston tout ça :

Et alors une question que tout le monde se pose, c'est : Est-ce que la transition habile est notre amie à nous autres, spirales errantes, brins d'herbe secoués par le vent, roseaux pensant pas tout le temps, nomades végétatifs ou sédentaires mouvementés, fossoyeurs du ciel et aiguilleurs de sondes anales, palétuvias géants bornés par le choléstérol, bipèdes à quolibets, chaotique chorale d'égos sans chien ni maître ni marteau, ni collier, ni pétale, ni fleur, ni couronne, ni salpêtre, ni parmesan, ni tambour, ni chemise, ni tout ce qui s'ensuit ni tout ce qui s'arrête, ni tout ce qui se détruit et que c'est tellement bête, entre nous, yeux dans les yeux comme ça, cartes sur table main dans la main, t'en souviens-tu mon Anaïs, sous les couleurs de l'été indien, tu avais la splendeur d'une aquarelle de Marie Laurencin, sérieusement, non mais sans blague, de vous à moi, est-ce qu'on ne les emmerde un peu ces habiles transitions ? 

3 commentaires:

  1. http://soundcloud.com/witold-bolik/limits-of-style-to-patience


    I got twenty years older in the morning you took it all back
    But I got twenty years younger in the morning the first teardrops attack
    So I’m as young I’m as old I’m as dumb I’m as fine as I was
    And I’ll ask you not to forgive me till I’m done with this song

    Everyday, everyday, everyday I’m on the edge of becoming your creepiest fan
    Though I thought, though I thought, though I thought, though I thought – nevermind

    Oh it’s all about the limits of style
    It’s all about the limits of style
    It’s all about the limits of the style of –
    Oh it’s all about the limits of style
    It’s all about the limits of style
    It’s all about the limits of the style of our
    Relationship, yeah.

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    1. tourne bien, cette spirale..., zazar dixit

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    2. merci ! ça tourne et ça gratte, "spiral scratch" donc http://en.wikipedia.org/wiki/Spiral_Scratch_(EP)

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