Appels




Je me rappelle très bien ça, mais j'avais oublié que j'aimais ça.

Je me rappelle avoir essayé de le raconter, et essayant de le raconter je ne faisais que le reproduire.

J'appelle, ça ne répond pas. Je suis en colère et retenant cette colère je me mets à peser mes mots pour l'exprimer sans l'exprimer. J'écris entre les lignes, où personne ne peut me lire.

Je me trouve terriblement sarcastique.

Je suis fasciné et terrifié par la violence de ce que je n'écris pas.

Cela nourrit la fascination et l'effroi pour toutes les réponses qui ne me sont pas faites.

Je me trouve affreusement ridicule.

J'envoie de nouvelles lignes de silence que je ne destine à personne.

Je cherche à clore cette dispute avec ma propre mort.

Je me trouve presque brillant.

Et je me rends compte que j'aime un peu ça.

Et ce que j'aime un peu c'est avec tout l'amour du monde, tout l'amour du monde pour personne de ce monde.

J'aime ma mort et la tristesse sans fin.

Comme je me suis disputé avec elles sans leur dire je me réconcilie.

Je cherche à gommer tout ce que j'ai mis entre les lignes de ce que je n'écrivais pas, et comme la métaphore me pose problème je déchire ce faisant les feuilles de papier qui n'existent pas.

Mon amour pour personne, né d'une colère tue, la dépasse et me dépasse, et tout cela se passe au moment où je monte la côte d'une petite rue.

Je ne dois pas confondre cet amour pour personne avec ma solitude.

Ma solitude est sans appel.

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