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rêve dévot

 C'est en me le racontant que je me rends compte que le rêve érotique que je croyais avoir fait cette nuit

n'a rien d'érotique


en fait

je prends rendez-vous avec quelqu'un

elle parvient à se libérer un créneau, ce qui n'était pas prévu

m'en prévient du haut d'un escalier dans un hall bondé

et je lui réponds d'en bas :

"Amen" 

en joignant les mains.


Elle m'évoque quelqu'un que j'ai connu il y a longtemps

dans ce que je ressens face à elle

mais physiquement, elle ne lui ressemble pas.

 

Je me sens littéralement porté vers elle

je vibre profondément 

mais elle ne dit "ah non je ne vais pas pouvoir"

j'y repense - toujours dans mon rêve - avec une exaltation qui ne me semble pas un instant

ridicule ou exagérée à ce moment là

c'est peut-être de la 

dévotion,

oui,

mais il y a quelque chose de bien plus intensément sexuel dans la promesse

que dans la religion

alors parlons de

dévotion sexuelle

 

Quand du haut de la rambarde (espèce de hall genre université bondée)

elle me dit "c'est bon, je pourrai le tant"

je me félicite d'exprimer ma dévotion discrètement, peut-être ironiquement, 

ou du moins d'une façon dont je me félicite intérieurement qu'elle puisse passer pour ironique 

au milieu de ces étudiants congénères semblables bruissant fourmillant

 

ma discrète dévotion sexuelle 

travestie traversée d'un faux-semblant d'ironie

 

"Amène" !

 

Deux bouts de rêve

 Il s'agit là d'une tendresse éteinte et sans étreinte
comme ensemble regarder le rayonnage d'un magasin de musique
l'étal
l'étal aux mille échos

Je racontais dans un rêve mon autre rêve à l'écrivain
Ma voisine dans mon rêve a fait la musique de ton film tu sais

Mais quel film et quel rêve et quel fil de quel récit rêvé de
tendresses éteintes locales déscotchées
scouts éparpillés dans la forêt des souvenirs, éclaireurs obscurcis
pansements défaits et draps arrachés

après quatre tentatives de fresques pornographiques sur une dizaine d'années
demeure une nuit le fil malingre d'un vague innocent flirt
le rêve valide apaise et nous laisse
agacé
comme d'un café bu trop vite un matin de rentrée

mais encore
un goût de mais encore

mais encore quoi
mais encore plus rien

mais encore la dialectique même s'est éteinte et
pourtant

mais plus encore, mais + encore
mais hardcore

l'étalage et l'étalement et léthal lent

(et que tal et métal et pétale et l'étalon quel talent mais ça c'est moins)

mais encore rien
mais enfin rien
et encore

Rêve mer

J'ai envie d'aller à la mer
J'ai rêvé que je me réveillais sur les escaliers du monument aux morts dans une couette sous la neige et qu'en allant chercher sur une marche sous la neige mes chaussettes je tombais sur la mer et mon regard tombait sur les profondeurs de la mer et mon regard glissait tombait nageait comme autonome mon regard dans le fond de la mer où tout paraît plus calme je crois que ce n'est pas faux de dire que c'est très bleu et qu'on s'y fout des mots
très bleu la mer il y avait la neige l'escalier du monument aux morts la couette mes chaussettes et devant moi enfin la mer et à côté à l'autre escalier des copains surfeurs improbables et débonnaires
on eût dit dans ce rêve qu'ils étaient parfaits improbables et débonnaires juste assez loin juste assez cool pour accepter si mon regard se détournait de ne plus exister
tellement cool qu'ils n'avaient plus besoin d'exister
que c'était comme on le sentait

il y avait le froid de la marche de la pierre de Volvic de l'escalier du monument aux morts et juste à côté
l'amitié débonnaire du bonheur rêvable à volonté et dans les bras de l'amitié
la planche un peu surfaite sur quoi surfer
mais des rêves commutables à volonté comme l'amitié cool et débonnaire des surfeurs de Clermont-Ferrand
ne s'en font pas de mouron d'être surfaits ou pas puisqu'ils n'ont jamais vraiment été là
que quand ça vous chantait d'en rêver comme on consulte ou qu'on remet des cartes postales dans le tiroir
dans l'espèce de goutte-à-goutte prudent circonspect en journée de l'invention des souvenirs qui fait la mer des nuits goutte-à-goutte qui fait la mer des nuits

j'avais école aussi c'est pour ça que je me levais que je cherchais mes chaussettes et me maudissant de les avoir enlevées si loin de la couette
en me maudissant gentiment cependant
j'avais école mais je n'y irais pas
je n'allais pas y aller l'école je la laisserais
le cool et couler couler dans le bleu cool tout frais accouché de Miles Davis oui
l'école bon bah
j'ai déjà tout manqué n'est-ce pas

Rêve tee-shirt

Je rêve de ma ville cette nuit
Je me suis endormi quand à la cent-huitième opinion d'amis concernant le monde
je me suis endormi quand placardé et tracté pour la cent-huitième fois de la journée
j'ai réalisé que je n'aurai ni ce qu'a d'insupportable ni ce qu'a de positif et de nécessaire
cette assurance-là

je ne serai jamais un leader

sans blague

dans le rêve j'avais écrit un matin et il était très tard et j'étais plutôt largué mais heureux de sortir dans la rue ayant écrit
tu vas rire j'étais fier de moi
et les gens pareils
j'étais leur fou errant heureux sur leurs trottoirs au fond

"tu la connais, vous vous êtes rencontrés"
oui je me rappelais mais
pourquoi s'agenouillait-elle devant moi avec un air de dévotion
les autres femmes, Prénom, et peut-être Prénom furtive dans mon dos
Les autres femmes il y avait comme une retenue
dans leur regard
et enfin qui arrivait plus tard
l'Homme Domestique d'Avant-Garde

Bon sang, dans le rêve lui aussi m'admirait
"Nous avons besoin de poètes"
"Quelqu'un qui marche dans la rue avec un air aussi paumé que toi et
un tel bouquin dans la poche
(il disait le titre mais je l'ai oublié au réveil,
l'Apparition peut-être ça s'appelait
j'apprends plus tard dans le rêve que c'est un Classique, j'y viens)
"Ne peut être que"
Je ne sais plus

Pas un leader en tout cas

Sans blague

Mais ça fait trois quatre personnes dont j'ai fait briller les yeux
je n'ai pas éclairci ce qu'il y avait chez Prénom et Prénom
elles me parlaient peu
justement

Une défiance teintée d'attirance
un sentiment pouvant basculer complètement inopinément et parfois irréversiblement
d'un léger désir chaste et sans danger, d'un flirt à l'ancienne
à la damnation jusqu'à une ou deux
générations

Je crois qu'on appelle ça amour dans les chansons
pour aller plus vite et par convention

L'Homme Domestique d'Avant-Garde m'emmenait ensuite
dans un restaurant africain situé dans la cour d'un squat
je disais bonjour avec un sourire crispé à la serveuse comme je fais à toute serveuse
(ensuite je baisse les yeux parce que je me dis
"oh elle doit penser que"
tu coup je les relève ces yeux et j'essaie de paraître moins crispé mais ça ne marche pas toujours, c'est souvent pire, alors je vais regarder ailleurs)
(bref un rapport poli quotidien normal atroce)

et j'enviais mon ami qui plaisantait avec elle
L'Homme Domestique d'Avant-Garde
semblait avoir eu des débats profonds avec elle et y faire référence
il plaisantait sur sa condition de femme et sur son propre machisme larvé
mais au second degré tu sais
et je crois qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes
je crois qu'ils communiquaient
et je crois que j'enviais ça

je crois qu'ils s'entendaient bien et que j'étais jaloux de ça

ça m'effraie tellement d'écrire ça que je m'y reprends à deux fois

bon

C'était un restaurant où nous ne mangions pas
C'était bio et tout, sans gluten ni rien
et parfaitement gratuit
et pas d'assiettes à laver ni de tables à déplacer

juste une serveuse à voir et une baraque en paillote plus ou moins comme sur la plage

je voyais au loin dans le salon du squat la
Militante Anarchiste Ouverte et Attirante
elle vient me voir et engage la conversation elle aussi sur le livre que j'ai dans la poche

"Tu sais on a déjà parlé des Mondos littéraires"

Ou peut-être qu'elle dit :

"Tu sais on a déjà parlé des Mondos en écriture"

ça a l'air de vouloir dire "lieu commun" plus ou moins
et elle semble me reprocher en somme
la banalité de mes choix
littéraires et autres

je crois qu'elle me reproche en fait
ma grande insignifiance tandis que je baisse les yeux à nouveau
sur un sein fascinant qui semble vouloir sortir d'un tee-shirt lâche d'un rouge délavé
un peu vieux
pas trop propre
mais pas ni lâche ni trop vieux ni pas propre comme moi, hein,
un tee shirt libre et sans message
un tee shirt des débats enflammés de la veille
le tee-shirt de la Militante Anarchiste Ouverte et Attirante

Je crois qu'elle me reproche au fond
de n'être pas un leader

Je me rappelle au réveil de la dernière fois que j'ai demandé un emploi

"Mais, vous êtes artiste, ça ne vous dérangerait pas de rester enfermé dans un bureau à faire des tâches administratives ?"
Et j'ai répondu avec un enthousiasme effrayant
"Au contraire"

J'ai mes passions et je vois depuis longtemps qu'elles ne me mènent à rien qu'au ridicule et cependant
je les cultive pour elles-mêmes
elles me plaisent à moi

les gens qui m'ont croisé dans mon rêve n'avaient aucun désir de savoir ce que j'écrivais
"de quoi ça parlait"

Ils classaient juste comme moi
avec plus ou moins de subtilité

les gens

selon leur air

Poète ou
Pas un Leader ou
Juste un loser selon les points de vue
Homme Domestique
Serveuse
Militante Anarchiste
Tee Shirt

Il y a eu la Dévote Incompréhensible aussi
l'Auto-mystique

et

Prénom
Une autre Prénom

et dans la rue
mille
Prénoms

Et au réveil je me suis effrayé de l'enthousiasme avec lequel j'avais répondu
quelque chose comme
"La musique m'a dévoré depuis longtemps, elle me remâche à cette heure,
elle finit de digérer ce qu'elle n'a pas encore vomi de moi,
je suis en mille morceaux en elle et ceux qui penchent l'oreille
n'entendent jamais que gargouillis mal produits là où il y a symphonies etc ;
et si je continue c'est que je dois aimer ça et c'est trop tard pour que ça
juste s'en aille si vous me permettez l'américanisme douteux
et j'éprouve depuis toujours l'ardent désir
de n'avoir aucun cerveau et de Servir
d'être une machine aux ordres de tous ceux qui n'ont plus à se poser la question de savoir s'ils sont des leaders"

Robert Walzer tiens
Je le sentais plutôt Perec ou Camus le bouquin dans ma poche
mais c'aurait peut-être plutôt été celui-là

Mais bon

je me suis réconforté en me disant au matin
que certes

Je ne suis pas un leader

sans blague

Pire, je suis sinon un loser du moins un suiveur
très clairement
mais je sais aussi
que quand je désapprouve ça ne me dérange pas de partir

A vrai dire, je suis toujours parti et je n'ai jamais su quoi suivre

je sais que quand je me balade dans la rue
et je sais que dans la vie
bons exemples et bons livres
opinions justes et documentées
sentiments nobles et élevés
j'ai toujours voulu les suivre
mais je ne les ai jamais trouvés

je suis un mouton au pelage grisâtre sûrement pas noir
parce qu'à qui pourrais-je sincèrement reprocher de m'avoir rejeté
ils ne sont pas là
personne n'est là

un mouton dans un désert
un suiveur incertain et dépourvu du moindre sens de l'orientation
et de la moindre assurance
des opinions

Il fait beau, trop chaud, et, bah, bêê, je trouverais bien de l'eau

Je me retrouverais servi incontestablement mort
sans doute au menu de ce resto où l'on ne sert rien

Le mouton désertique isolé c'est un excellent plat végétarien.


































rêve connard


J'ai fait des cauchemars toute la nuit enfin quand j'ai dormi
des enfants me traitaient de connard
j'en engueulais un genre "qu'est-ce que tu as dit ? vas-y dis le moi en face"
il ne disait rien et je me retournais puis je l'entendais pleurer derrière moi et je me sentais mal
mais je ne pouvais pas me retourner


j'escaladais un mur très facilement pour observer
un tableau idyllique de barres d'immeubles en banlieue
des jeunes faisaient du sport et tout semblait calme et heureux
je souriais malgré moi jusqu'à ce qu'ils me voient
me charrient et me volent mon anorak tout neuf acheté en soldes


bon sang en faire le récit me fait réaliser que mes cauchemars n'ont vraiment rien de violent
mais je vis tout ça avec une violence terrible
et je me réveille en apnée terrorisé d'avoir mal fait, d'avoir tout mal fait
d'être le dernier connard de la terre
et j'ai
un ongle incarné.

Rêve papillons

C'est ma chambre dans une maison de campagne ; je ne m'y reconnais chez moi qu'à un détail, en bas des fenêtres il y a courbes comme bedonnantes d'on dirait de la chaux, et tous s'alignent sur ce ventre de la fenêtre à égale distance sur fond blanc, exactement comme s'ils étaient morts.
Je ne sais pas comment tous ces papillons sont arrivés là, ils sont très beaux et rangés comme chez les collectionneurs, mais quand ils viennent voleter sous mon nez, dans mon cou, je n'ai que peur et veut les tuer ou faire fuir. Leur présence pèse et ils deviennent rapidement innombrables.
Je pense à Nabokov, qui saurait dire les noms et décrire les couleurs. Je ne m'y essaie qu'à peine, et d'une manière qui ne me sert à rien : j'invente les noms d'abord et ne les retrouve pas dans la complexité des teintes de ceux qui de toute manière m'effraient et bougent trop vite : celui-ci n'est pas celui que j'aurais appelé Scrabble à cause de son vert profond ; celui-là n'est pas celui que j'aurais appelé Savora, ou Seventies, ou l'Album Rouge ou Blanc, ou Saloperie Lyrique d'Angoisse - je vais regarder sur Google la méthode pour m'en débarrasser.
A vrai dire ils parlent surtout de la méthode pour les attirer (je ne sais quelle confiture dans un "verre véret" où s'agitent de grands lombrics) et je voudrais les chasser. Google se trompe et se méprend sur moi. Je ne suis pas un amateur de quoi que ce soit et ce n'est pas un loisir, je ne veux pas être un collectionneur, les papillons me menacent et je veux surtout qu'ils quittent ma chambre.
Je me réveille infiniment rassuré de n'être pas à la campagne.

Rêve ordre du jour

Cette nuit je suis convié à une réunion importante mais mes collègues me sachant angoissé ont préféré m'y emmener le jour-même par surprise. Je trouve que c'est une bonne idée, au fond, j'aurais sans doute cherché un prétexte pour éviter ça si j'avais été averti. Il fait un temps de mai et c'est au bord de la mer. J'ai cru voir qu'il y aurait des objets distribués aux participants. Je me sens touriste et privilégié d'être touriste dans cette réunion de travail. Cela se passe dans un grand amphithéâtre, et à chaque place un panneau indique le nom des débatteurs. Etant venu au pied levé, je me place où je peux, dans les premiers rangs. Je lève les yeux sur l'assemblée et je découvre la place qui m'était assignée. C'est un peu plus haut ; le panneau indique bien mon nom mais la place est occupée par un bonhomme qui n'a pas enlevé ni son bonnet ni le casque audio de son walkman. Le plus étonnant est qu'il soit assis dans la direction opposée de tous et qu'il semble parfaitement à l'aise de ne pas regarder la scène où les professeurs vont parler, mais droit devant lui l'estrade supérieure, en écoutant sa propre musique.
Je ne compte pas revendiquer ma place et je suis même à la réfléxion assez satisfait de la pure excentricité de celui qui, volontairement ou pas, assis à ma place et à l'envers, me représente.
Je suis satisfait de tout et j'attends que ça commence, mais je me réveille avant même de connaître l'ordre du jour.