Spirale léchée à l'esthétique délicate et soignée

Je ne sais pas si tu l'as remarqué, non lecteur, mais je ne fais jamais de spirales sur mes propres morceaux.
Ben là si. Mais ce sont des reprises. Mais je m'étais promis de ne pas produire ne serait-ce que l'esquisse d'une auto-justification. Bref.

Le 1er janvier, je ne me suis pas lavé, je me suis enfermé et j'ai joué de la musique. Ça doit être ma dixième reprise (je ne tiens plus le compte, free a désactivé mes archives et des changements de disque dur en ont fait disparaître quelques unes) de Chega de Saudade. Très belle chanson qui illustre pour moi ce qu'on peut faire de plus dingue et de plus beau en alternance mineur/majeur, avec toujours cette hyper-intelligence jobimienne et son air d'y caresser. Comme dirait Coluche, je ne fais pas que dire des conneries sur Jobim, j'en joue aussi :


Le lendemain, je n'ai pas mangé et j'ai fait de la musique. J'ai réattaqué cette reprise de Moondog, non moins difficile. La solution radicale pour avoir mes notes tenues étaient le fuzz sur la basse, qui a induit toutes les distorsions qui s'ensuivent. Et oui le mélodica venait en bout de journée (vers les 2 h du matin) et je m'agacais de ne pas arriver à retranscrire cette satanée quatrième voix, alors j'ai tenté d'improviser. 2015 je devrais arriver à trouver la grille d'accords, qui n'a pourtant pas l'air si compliquée en soi.


Ces deux morceaux, et ces deux obsessions, l'obsession sur Chega de Saudade environ 2009, l'obsession depuis l'année dernière sur Shakespeare City, ces deux journées où je me suis surpris à vraiment "travailler" en fait, m'ont donné des idées qui me font sentir d'un tout petit peu moins mauvaise humeur d'être aussi peu suivi, lu et écouté, et de me sentir aussi souvent dédaigné voire pris de haut ou simplement complètement ignoré depuis si longtemps, quoi que je fasse. Les reprises, le travail d'oreille, la revisite des classiques, les expérimentations purement musicales en autodidacte, ce sont parfois des bouées quand on se sent seul, ça risque de nous faire devenir quelque chose qui ressemblerait à un "bon musicien", "un type qui adore Zappa", "lui il s'enferme des heures chez lui pour bosser son instrument tsé", mais... Déjà, c'est loin d'être abouti et donc plein de promesses, et surtout, bizarrement, pas linéairement, jamais productivement mais de manière intimement restructurante (oh quel joli vocabulaire), non seulement on ne coule pas, mais, contre toute attente, ça se met parfois à avancer. 

Ce qui me sauve d'être pleinement psychopathe (ce que me diagnostiquent ceux-là même qui me dénient absolument et la faculté de ressentir et ce que je ressens et tente d'exprimer) ou bon musicien (ça c'est plutôt l'air dont me regardent ceux qui ne m'écoutent pas, pseudo-admirateurs compris) c'est de passer d'une obsession à l'autre, et quand je me surprends à trop travailler, de me mettre à travailler à ne pas travailler. De prendre suffisamment à la légère mon existence pour considérer du même œil bienveillant - tous ces connards (prends ça c'est gratuit, fidèle à mon principe je me suis dit t'as commencé cette phrase, finis-là). Ne plus tenir compte de ceux qui flattent ou cassent l'égo, ne plus chercher à se flatter ou se casser l'égo, chercher le projet pas les compliments, continuer à rencontrer des gens avec qui tenter et aboutir des trucs. Pas de changement dans l'incontinuité, de l’assiduité dans le chaos.

Et sinon c'est cool de pas se laver. Et j'aime pas Zappa.

Merci bonsoir.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire