Nara Leão en VHS - spirale tarte

C'est inexact de dire que ça fait deux semaines que je n'ai pas touché ma guitare ni le piano ; je les ai touchés, mais ils ne me disaient rien. 

J'ai aussi essayé d'écrire. L'application "bloc notes" est toujours ouverte sur l'ordi. Je crois qu'il pourraient passer à une version 12 de Windows, directement connectée au cerveau pour anticiper les besoins de l'usager, commandant le produit auquel tu n'as même pas commencé à penser, tant qu'il y a l'application Bloc-notes, je continuerai à utiliser ça.
J'ai essayé Linux, essentiellement pour pouvoir dire un jour : "j'ai essayé Linux". Ce jour est venu. Le fait est que je n'ai pas grand chose d'autre à dire, alors, ça fait toujours une ligne. Et, Hollow Inside des Buzzcocks, je crois avoir déjà fait une spirale sur l'ininspiration. (Je ne crois en l'inspiration que quand elle me manque).

Peut-être n'avais-je pas mis celle-ci, qui me fait toujours sourire et où ça cause trop vite pour que j'arrive à la reprendre. Peut-être que si, je l'ai déjà mise, ainsi que les suivantes, mais ce n'est pas grave. La redite est tarte et cette spirale assume et revendique sa tartitude.




Bref. Tartissime, j'en viens au point d'acheter des produits culturels, en creusant un découvert abyssal, et sur amazon, qui plus est. 

La vidéo de Nara Leão est clairement un produit culturel. C'est une interview de 1972, assez décousue. Une très brève séquence où un type qui ressemble à un conservateur de musée nous fait sentir qu'on n'est pas là pour rigoler et dit des trucs tout secs comme : "Nara Leão. La voilà. Elle a fait ci, elle a fait ça. L'image est pas très bonne parce que c'est du VHS à la base. Mais c'est un témoignage. Voilà." Le son est sombre, malgré les grandes lampées de (belle) réverb, voire d'écho, qu'ils mettent dès que ça chante, c'est à dire parfois, cinq secondes pour évoquer une mélodie en plein milieu d'une phrase. (Version la pus expéditive du monde de Chega de Saudade, la réverbe n'a même pas le temps de monter qu'elle se remet à parler). L'image est sombre, très sombre, du noir et blanc granuleux à mort et du obscur-pas trop clair plutôt que du clair obscur. Au bord du noir complet souvent. Quelques doigtés de guitare, quelques regards, de vagues sourires, et l'obscurité. Les sous-titres ne sont disponibles qu'en anglais et en portugais. Et je ne suis pas lusophone, plutôt loosophone, ah ah (encore une phrase de secours que je garde dans les cas où je n'aurai rien à dire. Au fait : j'ai essayé Linux !) 

Elle est très belle, iconique. Elle évoque la bossa nova et le tropicalisme sur un ton très poignant, à part, pas vraiment déconnecté mais pas vraiment dedans non plus. Elle parle de ses amis et de ses déceptions, et quand elle en a assez dit selon son cœur, elle prend sa guitare et joue. Ils ont coupé les questions, de temps en temps elle reformule avec étonnement. Elle est tellement dans son trip, c'est émouvant. Cette phrase est tarte, celle que je viens d'écrire, désolé. C'est un témoignage. Elle dit que João Gilberto était invivable quand ils se fréquentaient et qu'il lui manque. Que quand ses amis l'ont invitée à partir aux Etats-Unis, elle s'est dit que ce serait une catastrophe si elle se loupait, et encore pire si elle réussissait parce qu'elle devrait y rester. Et elle n'est pas partie.

Elle semble ne se considérer faire partie de rien et travailler seulement à être elle-même, et elle est au bord du vide parfois, comme l'image au bord du noir complet, et on la suit. C'est fascinant. C'est très simple et très direct et très fluide. Désarmant. Pleinement drôle, c'est-à-dire carrément étrange parfois (surtout pour un non-brésilien pas très au fait, comme votre serviteur) avec des chansons hilarantes (summum du pince sans rire nostalgique dans la chanson qui évoque quand même des comportements trash, Camisa Amarela). Et des coups de tristesses dans des éclats de voix fondus à la guitare. C'est une rareté apparemment. Il y a quelques extraits sur Youtube et ces extraits me la coupent à chaque fois. Je vous les mets. Amis - clermontois - lecteurs - intéressés (quatre tout petits sous-ensembles, je ne risque pas d'être saturé de sollicitations), je vous prête volontiers l'intégrale qui n'a pas l'air très dispo (ça doit dater de 2006 et être distribué au Brésil seulement). Faut que je me renseigne pour savoir si j'ai le droit de poster l'intégrale sur youtube, ou si quelqu'un l'a déjà fait. Pas vu à ce jour. (edit : si, mais sans sous titre)

Enfin bon, mes "faut que je me renseigne", je les connais. Dès que le piano et la guitare me diront quelque chose, je sais très bien que j'oublierai de me renseigner sur quoi que ce soit. C'est une chance, d'avoir un trip, même s'il y a autant de solitude que d'amour dans les yeux de Nara Leão. Les deux rayonnent dans un dépouillement absolu. Mes phrases sont tartes aujourd'hui. Je vous fais le cadeau de me taire.






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