Parfois, il neige en avril - spirale météorologique


QUAND J'ETAIS JEUNE,



j'ai envoyé à Monsieur Pascal Comelade une reprise de sa reprise de Faust (je ne connaissais pas l'original, à ce moment).
Dans la même période (périphrase, si je ne m'abuse), j'ai envoyé à Laurent du groupe Paloma une reprise de sa reprise de Syd Barrett (j'avais oublié l'original).
A l'aube des années nonante (là, sûrement périphrase, non ?), j'avais envoyé à Eric Rohmer le poème mignon, fatalement mignon, imputresciblement dédié à la mignonnerie, scellé dans son mignonnisme, très mignon dans ses farouches emballements anti-mignons pleins de mignonnerie, très peu, un peu, à peu près pré-gombrowiczien, bien avant la prise de conscience gombrowiczienne de la cuculisation parce que je ne l'avais pas encore lu, sous-cul-culaire, mais que me perds-je dans ce registre que m'avaient inspiré les influences conjuguées de la vision de "Conte d'été" et de la demoiselle aux yeux noisette qui patati patata.
Las, ou tant mieux, le temps des maladresses, de l'innocence mais aussi de l'ignorance est venu à terme.
Je suis devenu averti, aguerri, et/ou aigri : j'ai su que le silence était d'or quand les disques laissaient de bois, d'orée de bois, ou quelque chose comme ça. J'ai donc cessé de faire des reprises de reprises.
Sinon, j'aurais bien repris la reprise de cette chanson de Prince par le groupe d'un ami, qui s'appelait Left. Elle était très simple, très brute, très jolie, elle a disparu dans mon appart (qu'on démolit lundi prochain). En l'écoutant, M. a dit : "ah je suis sûr qu'ils l'ont reprise à cause de l'espèce de changement de tonalité cheloue du refrain ("sometimes i wiiiiiish...")".
M. exprimait une certaine désapprobation, genre :"ah, voilà de l'art pour l'art et de la musique pour musiciens".
Il n'avait sans doute pas tort. Je ne sais plus ce que je voulais dire à propos de ça, surtout si je m'en tiens au principe tacite des spirales qui est de renoncer à toute prétention musicologique. (Tiens, j'avais un principe tacite moi ? Ce qui sort de mon cerveau a toujours le don de me surprendre).
Toujours est-il qu'à part me plaindre du fait de commencer à me sentir vieux, cette espèce de changement de tonalité cheloue a beaucoup de charme. Et que oui, c'est très peu punk, c'est bien un peu dégoulinant, et c'est Prince, et ça date bien AUSSI, et peut-être bien que voilà de l'art pour l'art et de la musique pour musiciens, en même temps, cher M., si je trouve un lien entre cette espèce de changement de tonalité cheloue et l'expression du sentiment de tristesse d'un avril froid qui m'appartiendrait, est-ce que ça fait de moi un crypto-musicologue ? La question qui précède celle-ci n'est-elle pas uniquement rhétorique, son seul intérêt étant de contenir l'expression "crypto-musicologue" ? En tout cas, je m'en va réécouter ça, moué.
Ah ben tiens la version originale (edit) est enfin arrivée sur youtube (toujours pas la reprise de Left).



(Le surlendemain, j'ai envie de rajouter que :
- J'ai toujours eu tendance à prendre au second degré l'expression de la souffrance chez le punk-rocker depuis les années 1990 (CE QUI NE NOUS RAJEUNIT PAS), et au premier degré les hommages incongrus, embarrassants.
- De la même manière que j'ai tendance à m'attacher à ce qui m'agace, j'ai beaucoup de plaisir à cultiver ceux de mes goûts qui me valent le plus de moqueries et de débats contradictoires, ceux qui agacent mes amis, comme : Rohmer, et Prince.
Du coup je cherchais le splendide morceau "Prince alone in the studio" de Smog, et je ne le trouve pas via le moteur de recherche du blog qui permet d'intégrer directement les vidéos. Alors je me dis que si ce moteur se met à déconner, il va falloir que j'arrête les spirales et que je me remette à écrire un feuilleton, un roman, un truc, une bonne vieille histoire comme disent avec dégoût les plus contemporains de mes contemporains, une auto-fiction à conduire sans permis, une moto-mais alors très-fiction, une piéton-fiction, quel que soit le nom que les divers non-lecteurs voudront mal lui donner.  En plus, c'est écolo, une piéton-fiction, et quand le moteur de recherche du temps perdu se met à déconner, ça s'impose. Etc pour les jeux de mots (self-service, station essence, étapes, airs d'autoroute et d'opéras, il y a de quoi faire). La bise, écoutez Smog, mais vous faites bien ce que vous voulez.)




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