n-13 - Envie - derviche - heure

Quand même une petite envie de mourir des fois - modeste et pondérée, bien sûr, c'est le ton, c'est la signature. On ne mord pas, on grignote et taquine. On derviche à toute périphérie, mais un peu en secret. On s'ébruite en silence. On se casse, en douce. On s'effrite à pas cher. Elle s'est fait palper les seins. Il y avait danger, incertain. Un mot suffirait mais ils n'ont pas l'habitude. Ne lui adresse jamais la parole, des fois qu'il te la prenne et s'en fasse un tourniquet de voiles confusionnels en dégueulis colorisé, ce mauvais derviche, clos à toute heure. N'y va pas droit dans les yeux. Ne dis pas. Ne dis rien. Souris, passe, sois si crâne de morts superbes qu'il s'épuise d'aucune. Crève de rêves inopérants. Sonne en dépit. Des fois qu'il te la prenne. On ne sait pas ce qu'il a, ce qu'il lui a pris. A peine une petite envie.
Balustrades. Enseignes. Fils métalliques, oripeaux. La scène qui va suivre... Le mouton qui avait de la tangente, qui tournoyait désorienté à des vitesses jamais les mêmes, derviche qui trichait sans rire et trébuchait en s'emmêlant les pattes, et le vecteur inarticulé qui faisait exprès de ne voir personne. Fresque. Presque. Presque fresque à l'usage. Mais quand même. Une toute petite.

Ça vient de la gorge comme un rire, c'est la menace d'une haleine et le mot c'est fétide. Avoir mauvais goût, c'est cela. Il faut en convenir à coups de massue. D'où tu es, personne n'entendra crier, ah ah, fit-il d'une façon - tandis que, serpentant des fonds marécageux, la petite envie de mourir virait à l'obsession comme on va chez le coiffeur. "Je vais me refaire une beauté, une dont on n'entendra jamais parler. Je la mettrai sous blanc bonnet, et je m'en servirai comme charme délocalisé. Voilà : je vais faire du ferment, je vais me composter d'ineffable, je serai la lueur non-dite, le secret bien gardé de tout le monde et personne. Je raclerai les fonds de rêves et j'en ferai de la dérive collective et du sentiment de communion. Voilà : de l'hostie pour athées."

Le mouton derviche et la petite envie. "Je nous ferais bien des paupiettes de liberté, des paupiettes de vérité, des paupières ouvertes au velouté d'opportunités" - "Ah, petite envie, le quotidien nous tue, n'est-il pas ? Nous nous sommes déjà mangés. Facette, va ! Je te cours après et après, tu me mens déjà." Flûte enchanteresse et démantèlement moutonnant. Hourras. Vidage de salle. Nettoyage idéal, grand mouvement collectif de foi et d'espérance en un monde meilleur. Amourettes de scouts. Castor pugnace et Fanfreluche Idoine ont été vu fricoter derrière le bénitier athée. Le guitariste, qui faisait office, a bien tenté de s'en dépêtrer à grand coups d'ostensoir athée, les freluquets niquaient, rendez-vous compte, dans la Maison d'A-Dieu !

Petites culottes étendues formant un paysage. "C'est ici mon chef-lieu", Petite Envie se dit - "C'est mon lieu-dit aussi, Boussolette, et je ne me suis jamais perdu que pour me perdre ici, nulle part comme en toi, en mille parodies sincères de choses jamais faites" - "Des petits noms ridicules... Un grotesque étendoir-horizon de sous-vêtements, et avec ça, tout et n'importe quoi : c'est donc là ta conception de... Ta conception de quoi, déjà ?"

L'immaculée athée, l'hostie m'a tué. Il me fallait la faire, s'il me faudra l'enlever. Voici ma conception de quoi déjà. La liberté commence, ou la mienne. Je voudrais reprendre au début. Zéro, donc. Zéro, puis six. Zéro six soixante-quatorze. Mais je vais dire : soixante-et-douze, personne ne se sentira visé. Mon travail consiste à ré-oublier un numéro effacé. Zéro. Sept. Quatre-vingt-douze. Je sais que ce n'est pas ça. Ça peut être ça. Il est possible qu'il soit là. Qu'un abonné naisse d'un numéro à l'oubli travaillé. Que tout un répertoire et un réseau s'illumine à force de numéros décomposés. Je te passe mon zéro-six, tu me donnes du douze, il grognait des vingt-quatre. J'ai un cinq ! J'achète. Zéro. Six. Soixante. Et onze. Quatre. Vingt. Trois, en vérité. Assez.

"Petite envie boussole, nous allons ensemble, veux-tu, nous dénuméroter." - "D'accord, mais d'abord, ramasser le linge" - "Ah, petite envie, le quotidien nous tue, n'est-il pas ?" - "Et il t'arrive de te taire ? Tu te rends compte que tu m'infantilises ? Ce n'est quand même pas pour entendre de telles falaises qu'on a lutté bon vent à d'autres et des pastilles comme ça mais tu te rends compte mais tu prends conscience alors que et puis je m'accélère et nous en sommes là"

Vous êtes ici, petite envie. Nous vous avons menée à tours de manche à cette déveine. Mouton derviche vous envoie ses respects désordonnés - ils se sont, au transport, tout défaits. Je vous présente au grand jamais. Ne faites pas confiance à la poste. Il y a danger, incertain. Elle s'est fait palper les seins. Flûte enchanteresse. Questions d'orientation. Scouts scabreux. Vestiges athées. Mobile anecdote, Liberté je décompose ton numéro. Au refrain.

"J'ai une chance d'être là qui ne se dit pas. J'aime jusqu'à l'effacement de mes traces. J'aime qu'on m'oublie et être dans l'air. J'aime sonner creux même, noyer les poissons dans l'évitement et les présomptions qu'on m'ôte, et je commence du début et je vais jusqu'à la fin, grossier mouton à corne enfonçant des nuées ouvertes et d'aucun bon parti, et les inadvertances il faut les célébrer, jamais sceller, et c'est de musique que je suis fait, voilà, c'est moi le grand jamais."

"Eh bien grand jamais, bélier tourneur à deux sous l'heure, ça me porte peine de briser là l'élan lyrique, mais sache que je n'aime guère qu'on me déprécie, de mourir peut-être mais je suis envie tout court, je n'étends pas mes culottes à tes pertes de vue, je m'oriente si je veux, je suis une sceptique des points cardinaux, je choisis mon opérateur, je n'ai pas de bandana jaune, et j'oppose un démenti formel à tout ce qui vient d'être dit, sans compter ce qui le sera. Je me défragilise de toi, tout peut-être petit grand jamais que tu sois."

Qu'il en soit ainsi, rangeant son instrument dans l'étui. Cette phrase anacoluthe appelle un rebondissement. Le rebondissement vient tout à l'heure. On le soupçonne d'être affecté. Je crois qu'il tient à nous faire savoir qu'en tout état de cause, il nous emmerde. Qu'on le pardonne, c'est sa manière à lui, douteuse et biaisée. Il est du genre hostile, mais ce n'est contre personne. Revêche et redondant, tel est Rebondissement. C'est un type louche qui a ses bons côtés quand on ne le connaît pas. Ne lui adressez pas la parole, si vous voulez mon avis. Mais il déteste qu'on l'évoque à la troisième personne : il veut être frontal et direct, paraît-il. Petite volée de points de suspension. Ton heure est venue, Rebondissement : fais-en bon usage. J'imagine bien déjà que monsieur va parler d'herbe sous le pied, croche-pattes et tutti quanti. Ça va : je me tais.