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Vacance inventée. Rien. L'air fou. L'autre et son sourire "you're dead to me". Une invention de série. A quoi ressemble un livre, déjà ? C'est un lieu où on n'entre pas. Le sourire-mur aux tessons de canettes.

Lui n'aime que cette chose humide, n'étant pas client des courbettes et des trémolos, j'avance lentement à reculons et je connais les murs, il y en a derrière moi tout autant que devant. Il y en a même dedans - forcément.

Ils ne savent pas ce qu'il dit, sa parole tombe comme une pluie erronée, il pérore à la ligne tout à dénoncer, ce qu'il serait s'il n'avait pas été, et pourquoi, le même pourquoi d'il y a longtemps, le même pourquoi sans quoi, pourquoi de rien, pourquoi de rien, j'aime cette chose humide et la façon de voleter comme ça du tissu, on ne parle que pour ça, on ne joue que pour ça, parler comme la plus belle façon de se taire, une pluie indécise qui slalome dans l'air comme sur une vitre, et ne tombe pas, pas toujours, pas toujours là où il faudrait qu'elle soit.

Il distribue des conseils, des assentiments, des dénégations et des opinions. Il s'en trouve sur aucun sujet, l'arène creuse, tête baissée. Que cette chose humide qui ne s'entend pas, qui ne se laisse pas comprendre. Il donne à la pluie des directions, il vaporise du sens comme une mince couche de lubrifiant sur l'opacité rêche du monde. Il donne du monde et de la pluie. Il fait des mots.

Elle n'est qu'un regard vitreux sous la pluie. C'est la même en plus jolie. Elle contient une part équitable de prothèse innocence. Elle échange des petites choses fragiles contre des machines de guerre. L'autre avec son regard en dessous de petite fille triste, droit d'auteur, mais les cours changent comme la pluie, des histoires de murs pour la chose humide, comme grésille un peu l'écran du téléviseur durant peut-être une seconde au moment de son extinction, comme les choses meurent joliment finalement, sous la pluie de paroles d'oubli, qui s'oublient, qui s'abandonnent, se désaffectent comme des usines.

On s'est passé des ogres, on a joué des méchants, c'était disputé comme aventure. On est des enfants constituant des dossiers pour obtenir des subventions. On colle et décolle et on passe la langue à l'ancienne sur la bandelette amèrement érogène d'une enveloppe kraft. On est des enfants avec des fautes de frappe. On est l'ami de tout le monde, ignoré de tous. On cherche des relations, on compare des pluies sans se mouiller dedans, qu'est-ce qu'on parle, souvent.

Elle minimise. Il tempère. Il empoigne. Elle lâche. Il enserre. Elle transit. Il s'enroule et mord. Elle glisse et grince. Il soulève un point de détail. Elle en convient. Il obtempère. Ils concluent et font affaire. Elle revient sur le détail. Il la renvoie à une référence. Elle ondule. Il vient. Elle part. Il vient. Elle part. Il pleut. Elle part. Encore une chanson. Minimal, petite douleur déjà grignotée à quatre heures, à la récréation. Sous le préau comme quand il pleut. On garde la moitié pour celle d'après, en recouvrant aussi bien qu'on peut avant de remettre dans sa poche. Elle recouvre. Elle fait un geste. Il pleut encore ? C'est toujours encore qu'il pleut, toujours longtemps et plus longtemps qu'avant. Ce n'est pas tant la pluie que tout ce temps, tu comprends. La pluie, on s'y fait, mais le temps, jamais. Qu'est-ce que ça veut dire ? Rien, c'est juste pour parler.

Ça ne mange pas de pain. Ça voudrait bien mais ça ne casse pas des murs. Les murs ne se cassent pas, ils passent. Ils se font passer pour des portes et au moment de cogner ne se donnent l'air de rien, il faut voir jusqu'où ça peut tomber comme ça avec des murs contre murs en porte-à-porte. Ça n'ouvre pas, ça se cogne en faisant des bosses et ça tombe à côté. Ça trouve à peine des failles où glisser au moins des regards. Faire au moins mouiller l'œil, un peu. S'il vous plaît. Monotoniquement ? Un peu pas assez fort et trop grave, des fréquences se recouvrent, brouillon mobile.

Quelque chose se cambre en elle en gardant sa posture légèrement descendante de victime réussie, comme un ogre en dedans de chatte sublime, rien de laissé à voir, rien de lâché qu'un vertige indiscernable. Pourvoyeuse d'émotions vierges à la communauté. Mieux que toute phrase jamais écrite, elle darde un paradoxe, elle pique sans bouger, aiguille magnétique. Elle pique sans bouger, tu parles, cette pluie ne me touche toujours pas, cette pluie ne veut pas de moi, je la qualifie de manne ou de sauterelles tant je demeure sec sous elle comme un abri fermé qui voudrait bien sortir de lui. Pourquoi pas de lumière aussi, de sperme ou d'ennui. Ça reste de la pluie. Il paraît que c'est comme ça, par ici.

2 commentaires:

  1. Je n'ai jamais rien lu de semblable. Je suis boulversée, je trouve cela splendide !

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  2. Merci ! Je n'avais pas relu ceci depuis bien longtemps, ni même alimenté le blog que je désertais un peu et croyais totalement déserté par les autres, ton commentaire me touche d'autant plus :)

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