Culbuto d'automne

Virons ce mec tremblant. Dégageons les fébriles hésitations et trémoussements scabreux de feuilles d'automne. Rien de tout cela ne tiendrait sur l'affiche.

Comblons ses émois, pressurisons-les en lieu sûr, frais et à l'abri de la lumière. Mesurons nos distances et celles des autres. Contenons-nous avant de nous vider, nettoyons les intérieurs, disposons de manière agréable à l'œil les cris sauvages et les élans sans adjectifs faciles. Nous n'avons plus douze ans et toujours pas le temps.Cadavérisons, embaumons, taxidermisons le mec tremblant. Il ne sait pas s'articuler. Il ne fait que s'arrêter tout le temps, tortiller évanescent, jaunir les feuilles et taquiner le nombril des saisons.

Il est bon à une ligne, genre un peu horizon, mais toujours aussi tremblant, ça grésille au firmament et ça nous fait perdre notre temps. C'est un slogan d'incertitude qu'on pourra toujours encadrer entre deux émissions. Limitons. Classons l'homme canon pétard mouillé, l'homme-sandwich des vaches maigres, l'espèce de culbuto sans rire.

Faisons virer ce mec tremblant, il a fait bien assez de vrais-semblants. Il y en avait l'autre fois partout dans le bureau, c'est comme un chien, ça n'a rien à faire là et dès que c'est là c'est comme s'il n'y avait que ça, et, quoi, qu'on n'aurait qu'à se taire et vibrer d'invendus, avec, quoi encore, des rayons d'inspiration et des bateaux fantômes en chaîne et des choses incertaines - non, vibrer d'invendus cela fait son temps, plateau suivant.

Il ne sait pas s'articuler, on ne l'entend jamais qu'à moitié. Il est sourd à lui-même comme une émeute dispersée qui ne cesse de grouiller en feux follets. Qu'il pose une affirmation, je ne sais pas moi, c'est l'automne ou la guerre ou le cœur saigne ou j'ai perdu mon dictionnaire - tous les temps sont finis et les appartements pris, nous mangeons des yeux clos comme autant d'abris clos, je ne sais pas, jeu de mots, infinis, alouettes et visions, cauchemars même, et "mon seul chemin", et "tes seins à toute écume !" - ce que vous voulez mais qu'on avance ! Qu'il nous lâche son bagout de mirages et d'intestins grêles sous les pluies même pas tombées, qu'il comptabilise in petto les nuées et autres à peu-près, qu'il violonne ses meurtrissures aux antilopes beige enneigées, qu'il immacule les fonds de tiroirs et murmure son impossible qui n'est jamais le même et qu'on attend toujours, jamais au même tourment !

Virons le mec tremblant, qu'on mange enfin, bon sang. J'ai mes automnes aussi et pas que ça à faire.

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