Retour sur Broadway : acte 3, scène 3 : Le triomphe (suivi d'une carte postale de Chœur Antique)

Le triomphe - Où le narrateur se demande bien ce qu'il voulait dire par là.

première version :
https://soundcloud.com/witold-bolik/le-triomphe-suivi-dune-carte

Après La rencontre, le Départ, vient le Triomphe à Broadway. J'ai réservé pour ce précieux moment l'arrivée d'un quatrième personnage, représenté par une guitare jouée - pour l'unique et décisive fois de tout l'opéra - sur toutes ses cordes en même temps : L'Orchestre - l'entité collective formée par A, B, et Chœur Antique même s'il n'est pas là, et tout le monde, en fait. Quand il y a des gens j'invite les motivés à faire des chœurs gospels, des overdubs en direct, et à participer à ces cinq secondes de gloire aux paroles fédératrices : "Quand on sait qui on est, la réussite c'est très surfait".

Ce texte profond est difficile à interpréter ; ma mauvaise intention de base était de me moquer de ces groupes pop indie populaires à succès qui nous sermonnent sur la relativité du succès et de la popularité, des riches qui nous expliquent que l'argent n'est rien, des membres d'une communauté qui t'exclut qui t'expliquent que la solitude te sera bénéfique et que c'est pour ton bien qu'ils te snobent. Quelle mauvaise intention !

J'en étais à vouloir changer les paroles quand je me suis rendu compte de ça, du moins la première partie : "Moi j'aime bien le poulet, la réussite c'est très surfait". Et puis non (encore que ça reste une option). J'ai préféré lui donner de meilleures intentions : un slogan d'intégrité artistique : si l'on sait ce vers quoi tendent les chansons, ce qu'on a à dire (d'un "on" sans ego, plutôt ce qu'il y a à dire donc) et à jouer, la réception du public passe au second plan. La première chose à "réussir", ce sont les chansons. Ou alors : un truc existentiel pessimiste, à prendre à l'envers : "Si je ne sais pas qui je suis, si je ne me connais pas moi-même, que cet échec soit fortuné, chanceux, aimable et populaire ou le contraire, mon existence n'en demeure pas moins un échec."

Moui. Bon, en somme on peut bien faire dire ce qu'on veut à ces quelques mots triomphaux, et tant mieux (quand il ne s'agit pas de crétins identitaires, mais je n'ai jamais été confronté à ce risque, si un jour il se présente, j'aurai recours au poulet) ; l'important est qu'ils soient joués fort, sur toutes les cordes, et si possible avec une pointe de vulgarité dans l'accent (comme quand les chanteurs de variété font retomber les "é" de leurs mots en "hey" : "quand on sait qui on wouey, la réussite c'est très surfhéééy").

Car en somme, c'est un gag. S'ensuivent les remerciements, généralement augmentés dans les présentations mais toujours terminés a cappella. Je n'ai encore jamais osé faire rimer "on espère que ça vous a plu" avec "que vous ne baisserez pas la tête quand vous nous croiserez dans la rue" - mais je travaille encore à assumer un tel sens de l'humour. Le "merci d'être venus" peut sonner selon les situations sarcastiquement ou joyeusement, et un silence pendant lequel, quand il y a des gens, ils décident d'applaudir, d'huer, de partir, ou de se taire. (notons que tout cela est valable même quand on est tout seul. Ne vous arrive-t-il pas d'être "content d'être là" tout seul chez vous, au point de vous remercier d'être venu (au monde) ? Moi si, parfois, quand il fait beau et que la bière est fraîche.)

Puis le générique, une improvisation, soit sur le thème du premier interlude, soit sur quelque chose qui rythmiquement puisse rappeler le Brésil, d'où Chœur Antique nous envoie sa carte postale. Lights et danseuses à part, un schéma de finale parfaitement réglé. Broadway.

Et après, on plie.

version 2015 :
https://witoldbolik.bandcamp.com/album/comment-jai-conquis-broadway-r-p-tition-2015
version jingle du Triomphe seul :
https://soundcloud.com/fuligine/le-triomphe-a-capella

livret :
Sur scène. A guichets fermés.

3 et 4 - "Le triomphe", suivi d'une carte postale du chœur antique

Grand finale et remerciements, suivi d'un tonnerre d'applaudissements.

L'Orchestre : 
"Quand on sait qui on est
La réussite c'est très surfait"

Merci à tous
On s'appelle witold bolik
Au métallophone : B
A la guitare : A
Le chœur antique est au Brésil
On espère que ça vous a plu
Merci à tous d'être venus

Merci à tous d'être venus.

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