bout d'almanach

Enfin en vie
Je n'ai rien compris et je ne peux rien t'en dire
c'était un délire
et sa nostalgie
les mettons quatre vingt dix pour cent de nostalgie compris dans le délire même
se sont évanouis las de rêver d'être rêvés
las de piétiner ou patauger dans le petit bain de pieds d'amertume
se sont évanouis et réveillés le lendemain dans mon lit
secs comme pas d'image
tristes comme pas de poème
lourds comme le meuble protégé ligoté encartonné au fond de la remorque d'un camion de déménagement qui n'a pas démarré
et ne démarrera - vous l'avez deviné - jamais
lourds lourds comme l'armoire vide que personne n'est à même de porter dans
aucun nouveau nulle part
portion par portion
la nostalgie s'est diluée
et tout ce qu'elle inventait
tout ce dont elle a cru
témoigner
tout son conte dedans et tout son contenant
tout son contenu et son vu et revu
avec elle
on peut très bien manquer positivement de rien et en souffrir

c'est mon cas
tous ces verres d'eau où je me suis noyé
tout ce rien me manque
toutes ces lacunes
j'avais coutume de m'élancer avec elles plus nu que nu
nous tous plus nus que nus et même pas là
dans des prés néants
ou des océans vides
et danser jusqu'à
je ne sais plus quand
du coup


c'est mon cas et
ce serait ma devise d'aujourd'hui
manquer de rien, douloureusement, beaucoup
si j'en avais l'esprit
si j'avais l'humour de tout laisser couler sans plus
chercher ni à me remonter le moral ni à faire bonne figure
de style


ces souvenirs inventés ne sont plus
il ne reste que

de jolies phrases sans grande portée
Enfin en vie je n'ai rien compris

Raisonnablement mourant
convenablement mourant
je suis dimanche et je m'ennuie
je suis vos dimanches
et je vous ennuie.

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