1 - Histoire du deuxième type le plus premier degré du monde

Un beau jour, le deuxième type le plus premier degré du monde se demandait qui était le premier, et en quoi il pouvait être encore plus premier degré que lui.

De l'endroit où il était, qui était environ chez lui, il sortit à l'aide de la porte.

"Bonjour madame la boulangère, je vous souhaite réellement de passer une bonne journée, même si j'ignore exactement en quoi ça consiste pour vous, d'ailleurs ça ne me regarde pas. C'est peut-être faire du bon pain, une bonne journée, pour vous ?", puis, par un tic contracté dans une de ces écoles de communication où il avait eu coutume d'étudier les matières proposées selon les cycles d'études, "A brûle-pourpoint comme ça, vous en pensez quoi ?"
Demanda le deuxième type le plus premier degré du monde à la boulangère, qu'il croisa, non par hasard, mais pas pure boulangerie, c'est-à-dire, en y allant. Pour acheter du vraisemblable pain, car tel était son but et il ne laissait que peu de choses au hasard, du point de vue de ce qu'il faisait, notamment en y allant, en y demandant du pain, non sans avoir expliqué qu'on lui souhaitait sincèrement une bonne journée, même si, quand on y pensait, on ignorait de quoi pouvait être faite une bonne journée de boulangère, et plus précisément de celle-ci : de faire du bon pain - est-ce que ça aurait été ça, une bonne journée, pour elle ? La boulangère n'avait-elle pas après tout, ses saccages, ses chevaux, ses inepties rebondissantes, ses cavaleries à la hanche, ce fouet sans fin du désir, cet alanguissement torride, cette chair friande, ou rien de tout ça ? En quoi ça le regardait, le deuxième homme le plus premier degré du monde ? Pourquoi pensait-il à ça, après tout, en grignotant sa baguette ?

"J'en ai assez", se dit-il sans plus d'explication. Puis il commença à se les demander, ces explications, et comme elles ne venaient pas il s'agrippa à lui-même et se serra dans le coin d'une rue peu passante. Il se fit violence ainsi jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il avait oublié de quel assez il en avait, de quel trop c'en était, enfin, de quoi ça parlait.
Il réajusta sa cravate, et c'est là qu'il rencontra le type le plus premier degré du monde, le vrai.

Il lui courut après, car le premier type le plus premier degré du monde avait déjà tourné les talons et il se serait voulu de le manquer, dans la mesure où, comme nous l'expliquions plus haut, le deuxième (type le plus premier degré du monde) avait en tête de demander au premier (tlppddm) de quoi il ressortait et pourquoi il l'était. C'est donc ce qu'il fit une fois qu'il parvint à le rejoindre :
"Mais... Bon jour, j'entends, pfff, évidemment, une, fff, han, une bonne journée pour vous, mais, fff" (il faisait beaucoup de ffff parce qu'il était essoufflé)"précisément, je me demandais, ça consiste en quoi la journée, ffffff, la journée bonne de l'homme le plus premier degré du monde ? Et puis aussi : pourquoi je ne suis que le deuxième ?"
- Oh, ta gueule", lui répondit le type le plus premier degré du monde.

Et il partit par le double truchement de ses pieds, munis d'un trottoir consentant. Et, pieds, types, trottoirs et degrés, ils ne se revirent plus. Le deuxième ne sut jamais pourquoi il n'était que le deuxième. Le premier avait l'air de s'en fiche complètement. Et le reste du monde aussi. C'est bien dommage, mais ça ne fait quand même pas trop de peine, si ?

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