De l'endroit où il était, qui était environ chez lui, il sortit à l'aide de la porte.
"Bonjour
madame la boulangère, je vous souhaite réellement de passer une bonne
journée, même si j'ignore exactement en quoi ça consiste pour vous,
d'ailleurs ça ne me regarde pas. C'est peut-être faire du bon pain, une
bonne journée, pour vous ?", puis, par un tic contracté dans une de ces
écoles de communication où il avait eu coutume d'étudier les matières
proposées selon les cycles d'études, "A brûle-pourpoint comme ça, vous
en pensez quoi ?"
Demanda le deuxième type le plus premier degré
du monde à la boulangère, qu'il croisa, non par hasard, mais pas pure
boulangerie, c'est-à-dire, en y allant. Pour acheter du vraisemblable
pain, car tel était son but et il ne laissait que peu de choses au
hasard, du point de vue de ce qu'il faisait, notamment en y allant, en y
demandant du pain, non sans avoir expliqué qu'on lui souhaitait
sincèrement une bonne journée, même si, quand on y pensait, on ignorait
de quoi pouvait être faite une bonne journée de boulangère, et plus
précisément de celle-ci : de faire du bon pain - est-ce que ça aurait
été ça, une bonne journée, pour elle ? La boulangère n'avait-elle pas
après tout, ses saccages, ses chevaux, ses inepties rebondissantes, ses
cavaleries à la hanche, ce fouet sans fin du désir, cet alanguissement
torride, cette chair friande, ou rien de tout ça ? En quoi ça le
regardait, le deuxième homme le plus premier degré du monde ? Pourquoi
pensait-il à ça, après tout, en grignotant sa baguette ?
"J'en
ai assez", se dit-il sans plus d'explication. Puis il commença à se les
demander, ces explications, et comme elles ne venaient pas il s'agrippa
à lui-même et se serra dans le coin d'une rue peu passante. Il se fit
violence ainsi jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il avait oublié de
quel assez il en avait, de quel trop c'en était, enfin, de quoi ça
parlait.
Il réajusta sa cravate, et c'est là qu'il rencontra le type le plus premier degré du monde, le vrai.
Il
lui courut après, car le premier type le plus premier degré du monde
avait déjà tourné les talons et il se serait voulu de le manquer, dans
la mesure où, comme nous l'expliquions plus haut, le deuxième (type le
plus premier degré du monde) avait en tête de demander au premier
(tlppddm) de quoi il ressortait et pourquoi il l'était. C'est donc ce
qu'il fit une fois qu'il parvint à le rejoindre :
"Mais... Bon
jour, j'entends, pfff, évidemment, une, fff, han, une bonne journée pour
vous, mais, fff" (il faisait beaucoup de ffff parce qu'il était
essoufflé)"précisément, je me demandais, ça consiste en quoi la journée,
ffffff, la journée bonne de l'homme le plus premier degré du monde ? Et
puis aussi : pourquoi je ne suis que le deuxième ?"
- Oh, ta gueule", lui répondit le type le plus premier degré du monde.
Et
il partit par le double truchement de ses pieds, munis d'un trottoir
consentant. Et, pieds, types, trottoirs et degrés, ils ne se revirent
plus. Le deuxième ne sut jamais pourquoi il n'était que le deuxième. Le
premier avait l'air de s'en fiche complètement. Et le reste du monde
aussi. C'est bien dommage, mais ça ne fait quand même pas trop de peine,
si ?
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