2 - Much ado about nothing


Et les troubles débutèrent, et les ennuis comment faire, et de minuscules émeutes auto-centrées en divers lieux et places de mon corps, eruptèrent en forme d'acmés juvéniles. Vanités et crottes de nez dans un cahier de brouillon aux pages déjà jaunies, marges tremblantes et mal imprimées, marge de ma folie conformiste d'où émergea tôt la fuite, d'incontinent à l'autre, et des conformités, fil tendu fragile d'équilibriste pataud au-dessus d'un verre d'eau, sans filet d'huile, fil fantaisie entre ma folie et celle des autres. Dans les trous du temps je tombais d'amour mal embouché. Des carnages de regards aux bus scolaires. Des monuments de détresse dans la cour attenante. Des compressions statiques en salle de retenue, thésaurisées pour des futurs à d'autres, parce qu'aucun pour toi, parce qu'aucun pour moi. Je prônais l'espoir en grinçant des dents, puis l'espérance, plus pastel et moins réelle, puis les moments de joie divisée, puis les grues mécaniques du contrepoint, puis la patine classique, puis le brûlot modeste, puis la parodie sans cible, puis la harangue mutiste et le charabia précis - je prônais l'ignorance à personne, je nihilais du nez, je muais du silence, et je lisais un peu, je me construisais des personnages effacés que j'effaçais, et j'effaçais à tout vain vent. J'étais l'aigrelet ru dans les fleuves de terre. Le grain de sable dans l'engrenage des plages. Le contraire du tout et son contraire. Je désaccordais des pianos en les gavant d'accents trop locaux d'on ne sait où pour un bon tas de petits mondes. Je raréfiais, je maniérais, je préciosais, et m'en agaçant je ne faisais qu'en rajouter.

Tout cela se passait entre le fatal 7 h 12 et le tragique 7h 14, tout cela tenait par la chiromancie chiromantique des lignes de bus. J'entrais et ressortais dans le et du tragique par la petite porte, ou bien j'essayais de m'y faufiler par les opercules, ne faisant ainsi qu'obstruer ses branchies. Je m’accrochais aux nageoires du tragique, mais glissais toujours au final sur ses écailles visqueuses, car il se déhanchait à l'air libre comme une danseuse sirène et autres métaquatiques d'en-dessous les amers.

Je me sentais merdique tout le temps. "Comme il est heureux que ce temps soit fini !", m'écriais-je de temps en temps, car les formules vieillottes me divertissaient du temps vieillot où mes vieilles peaux rongeaient leurs vieux os.

"Comme il est heureux que ce temps soit fini !" - mille fois à l'ouvrage. Et "tenez-vous vraiment à parler de ça ?"  et "j'ai toujours pensé" etc - car j'étais hyper-médiatisé au fond de moi.

J'étais hyper-médiatisé au fond de moi et je me sentais tragiquement merdique ou merdiquement tragique, selon l'heure de grande écoute ou non. Mes causes ne venaient pas, des raisons je ne m'en voyais pas. Mes raisons ne voulaient pas sortir avec moi. Mes grandes gigues de raisons avec leurs escaliers de cheveux restaient sur le papier mal dessinées. Le vaste monde en forme de vigne, ne me laissait grappiller que de rares raisins trop verts aux bouts de leurs bras décharnés de sarments incertains, aux allures d'anarcho-bonzaïs autodidactes. Le vaste monde extérieur, New York New york, m'apparaissait en essais de transmission barrés au milieu d'une grande barre au milieu avec marquée dessus : "essai de transmission". Ma vie était un essai de transmission, avec barrant l'image au milieu l'inscription.  "comme il est heureux que cet essai de transmission soit grrrrr, frrrr", grésillais-je, bredouillo-brouillo-buzzais-je en cherchant La Sept, toujours plein de friture tragicomerdique et du babil exponentiel. J'étais le bruit résiduel de mes antennes déréglées, et de ce résidu bruit je faisais musique pour personne, peu de petit bruit pour rien non plus. J'avais un petit rayon, New York New York, des phrases, des billards copains, des solitudes copains, des solitudes du sexe opposé, des solitudes en canettes, des solitudes cultivées, des solitudes terre-à-terre, des solitudes solitaires, des versets de solitudes déversés aux oreilles de muses obtuses, de longs rivages de solitudes sous parasols, des protections solitaires aux indices rien moins qu'élevés, de grands bols et bouffées brûlantes de solitudes, des coups de montagnes, d'herbes sèches, de Billie Holiday, de batailles de polochons solitaires, de matelas à ressorts solitaires, des tragédies merdiques à l'avenant, des délires et des fugues jamais consommés, et croyez-vous quoi, que je m'en sois jamais plaint, une fois ? Ce soi-là, faire du sa vie son œuvre et s'en plaindre, a-t-on jamais vu ça !?

Que nenni, j'aimais ça, je m'étais fait ce monde déjà, et fait à ça, c'est un fonctionnement comme aucun autre mais ça marche, même si on ne sait pas pourquoi ça marche, c'est déjà ça, à bouts de bras, et j'aimais tout ce monde autour de moi, et New York New York m'attendait déjà, et il n'était certes pas temps d'avoir pitié de soi - c'est à 7 h 24 seulement qu'un bout de découragement, une pointe de ressentiment global, un léger parfum de lassitude et une pointe d'allez-tous-vous-faire-foutre volettait bruissait délicatement tel un insecte sexy dans le brouhaha du bus, une sonique et lutine fée Clochette classe comme une Kim à la basse, comme dit l'expression, mais poliment toujours assis, suggérant des apocalypses à l'image de son monde intérieur, proposant d'une voix peu sûre, à tâtillons marmonnant, à l'approbation de tous de mettre une fin des temps à l'ordre du jour, si du moins ça ne dérangeait personne - parfois. Je me dirai parfois mais bien longtemps après, pas du même parfois, d'un parfois très éloigné, loin loin de moi l'idée : "Il était temps d'en venir à bout, du temps où les "comme il est heureux que ce temps soit fini" sonnaient ces glas métronomiques indéfiniment", répété je me dirai ça mille fois, mais dans plein d'autres temps, oh là oui, loin loin loin de moi cette idée, ces idées !

D'autres promesses, déjà. La vie, un peu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire