1 - Hello world


A-t-on idée. Ce ne sont vraiment pas des choses à faire. Mais j'étais lancé, de grands regards ouverts me laissaient croire, la compagnie se rapprochait, c'était de l'heure à faire front, j'étais bien des autres et tout, les battements se calaient à merveille, l'habitude s'était faite de l'obscur à l’œil, félinement, on faisait comme l'affiche, des rondes et des mains, on faisait gravement front, grave communion, ça s'animait comme du flan bien soufflé, ensemble on était, bien des autres, a-t-on idée.

Ce ne sont vraiment pas des choses à faire, mais j'étais tout épaulé, tout avec la pente dans la rue, le même sens, j'estimais pouvoir, galvanisé d'enthousiasmes, plein de feux avec, ils m'avaient tout enluminé, enguirlandé, ça coulait de source tout dans le même sens, c'était seulement impossible de ne pas y mettre, des grains de sable, des grandes envolées, de la tempête de cerveaux où j'étais, que j'y mette mon membre au cadavre exquis, qu'on l'y entende le crissement de soi dans le grand engrenage, en toute béatitude pas même marquée au fer.

A-t-on idée. J'entends déjà résonner les claquements de langues et les fouets à quoi ça tient, encore déjà les cailloux, les fumées de goudron et les plumes désinvoltes, qu'on dézingue là comme je me pose là dans l'ensemble, à détoner dans l'absolu, détoner dans l'atonal, des tonnerres d'imprimantes, des feuilles volantes imprimées avec dessus l'affliction de mon nom, le douzième du nom, la représentation, que ce n'était même pas moi mais d'abord l'unité de l'ensemble, j'estimais pouvoir, je n'allais pas hésiter...

Je n'allais pas hésiter, a-t-on idée, il fallait que ça se crache, que quelque chose s'arrache, qu'ils paient, qu'on s'en sorte des dessous de table à sucer sans trêve, qu'ils paient, des en-dessous du regard, de la grande par douze de biaise, de la grande cartoucherie à sec, à blanc, à blanc sec et bout portant, des bouts rimés obscènes glissant de poche en poche trouées comme l'essieu diagonal des cieux, l'horizon louche, mais la rue était en pente et moi dans l'illusion d'un corps social vibrant, d'un grand tout le monde érectile qui valait mieux que l'illusion à bout portant de petits sois qui se portent à bout de bras, à mentir pour se mentir qu'au moins ça sonne grand, ça sonnait grand je n'allais pas hésiter, j'y serais, j'en étais, j'allais en être, c'était comme déjà du tout cuit d'être, ça y était là d'être comme ça, ça y était comme tout, comme tous qu'on allait y être et d'un seul tout, moineau du parc et picorant, j'étais tout écho à ce que le mensonge avait de grand, ça ne me causait pas problème, je n'allais pas hésiter.

Porté par ce ventre, nageant dans ce plasma-là, je n'étais pas si bien placé pour donner mon avis, comparer des niches et renifler des semblables, porter de petits coups de règle graduée aux doigts serrés des ressemblances, comme je ferais tantôt, d'un côté ou de l'autre, rendu à l'évidence après, et tout vidé de sens, équivaloir, interchanger, rafistoler des apparences, pas si bien placé et frappé au coin du bon sens, un coupe-gorge ce coin du bon sens, roulé en boule comme pour se faire coussin sous les coups de pieds du bon sens qui n'en n'aurait jamais assez, on n'en était pas là, a-t-on idée, ce n'était pas important, ce ne sont pas vraiment des choses à faire commencer comme ça, a-t-on idée.

Un grand geste violent disloqué des éléments du dossier, une croix blanche au casier, un évènement daté, patte blanche montrée, patins enfilés, on la voit venir l'exégèse, ce sont des coups à naître comme ça, c'est tout ce qu'il nous reste à faire nouveaux-nés, sortir la tête de l'eau un tant soit peu et sous assistance médicale, et glapir ainsi pour protester par avance d'innocence.

A-t-on idée, toujours est-il que c'est ce que j'ai fait. Je n'allais pas hésiter, je n'avais pas vraiment le choix. Cela ne me causait pas problème dans l'immédiat. L'environnement était sympa. Tout le monde semblait avoir déjà fait ce que j'allais faire, tout le monde mais d'une seule main pourtant douce me faisait petite tape dans le dos à peine formé. Et je criais primal, prise de voix loupée, déjà plus à refaire. A part moi, rien vraiment ne me causait problème dans l'immédiat. A part moi, je commençais d'ores et déjà à formuler intérieurement quelques réserves. Ne voulant pas blesser ni ma mère que j'aimais ni le grand corps social qui m'avait porté, je dus me mettre - et cela me prit terriblement beaucoup de temps, il n'est pas dit que ce soit jamais fini - à ce que vous autres appelez langage, pensant de bonne foi que c'était plus correct et que ça m'éviterait des malentendus.

A-t-on idée.

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