dialogo, 4

oh ville j'aimerais tellement te pardonner mais tu ne t'es jamais reconnu aucun tort
oh ville je me suis tellement souvent fâché contre toi puis faché que tu ne t'en rendes même pas compte
et fâché que tu t'en foutes pour le peu que ta conscience en soit superficiellement touchée
à force à l'usure
puis fâché de t'avoir supposé à tort une conscience
puis fâché de m'être fâché pour ce que tout le monde se demanderait quoi
fâché enfin d'être fâché pour ce que tout le monde appellerait rien
syntaxiquement à bout j'écrivais avec mes pieds et comme un pied
et à chaque brouillon jeté je me disais
oh ville voilà au moins encore pour toi de quoi ne pas me lire
la boucle est surbouclée l'étau serré et nous continuerons demain

je partais souvent en balade dans tes coins les plus laids
je disais me promener mais patiemment tel un prisonnier creusant un tunnel à la cuillère dans sa cellule
je voulais t'user te piétiner t'abimer de mes pieds dans tes coins les plus laids
t'ai-je au moins picotée dans la zone oh ma ville
t'ai-je émue à la fin

t'es tu dit à la fin autre chose que
oh non encore lui
qui déjà
le moustique sans dard sans venin et sans nom de ma zone commerciale
un léger bourdonnement sur ma peau une hallucination subliminale
un moustique existentiel doté de plus de pattes que de ventre et de tête et de coeur et de vie
t'es-tu dit ça dans l'ennui
oh non encore rien
t'ai-je au moins généré
un malaise léger éphémère
un petit bout de ciel noir dans ta vide immensité
t'ai-je au moins un peu
ennuyée ?

oh ville décérébrée je viens encore te célébrer
je ne me lasserai jamais de ne pas te toucher

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