Retour sur Broadway - Acte 1 : "Pas grand chose" - Premier récitatif

Premier récitatif : où trop de méta ne tue pas le méta

première version :
https://soundcloud.com/witold-bolik/r-citatif-n-1-catastrophe

A dit grosso modo : "Je suis fermement déterminé à m'exprimer", puis s'émerveille de la venue de B, qui à son tour, symétriquement, dans un mélange où il est difficile de distinguer l'ironie du narcissisme, célèbre sa propre présence : "Oui, me voilà moi" sont ses premiers mots. Ces deux-là semblent terriblement préoccupés par leur propre personne, j'avais besoin d'un tiers qui s'en moque, ou du moins mette un peu de distance là-dessus, et aide les gens (dont mine de rien je suppose à un moment ou un autre, la présence) à comprendre le, psycho-, mélo-, tout ce qu'on veuto- drâââme qui se joue là. Un Chœur Antique. Un bonhomme semblant sorti tout droit de l'écoute successive, voire simultanée, du standard absolu qu'est l’alangui "und weinte bitterlich" du récitatif de la passion selon saint Jean de Bach et du Dominique A de "la folie des hommes" (par exemple, enfin ses morceaux les plus ironiquement distants... "L'amour est très surestimé" marche aussi...)



Le tout, le reste de mon staff imaginaire ayant été congédié entretemps, dans un esprit pop art, voire art punk, voire post pas mal de choses, voire, comment dire, branleur, mais branleur de bonne volonté. Ce qui vaut mieux que travailleur malveillant non ? Je ne sais pas. Tout ça me dépasse à vrai dire. En tout cas, ses premiers mots le définissent bien : "Moi non plus" en réponse à une question que personne ne lui a posé. Il est en opposition avec les volontés présentes. Est-ce un troll ? Oui, mais un gentil troll. Il donne le titre à ce premier acte, "Pas grand chose", et j'aime son raccourci : "Un type se pose des tas de questions, quelqu'un arrive et lui répond : Non." J'ai un faible pour le jeu débile qui consiste à rajouter "c'est toute ma vie" après n'importe quelle phrase, mais concédez-moi que pour le coup, ça marche particulièrement bien.

Bon bref, difficile de commenter le commentaire, trop de méta tue le méta etc. Je me contenterais de dire que ce personnage, fauché mais d'esprit dandy, timide mais inopportun, décalé mais discret, nonchalant mais soucieux, râleur mais enthousiaste (c'est le seul à nommer Broadway, censée être l'objet de la quête), tout en paradoxe, est le plus complexe de l'histoire, et je comprends les amis qui trouvent aussi que c'est le plus attachant. C'est aussi le moins "opéra rock". Quand il s'agit d'aligner des tubes, les atermoiements de la conscience, l'élucidation des problématiques, sont mal venus. C'est pour ça qu'on vire souvent des standards de jazz les savoureuses introductions du genre :" comme Juliette disait à Roméo, "pourquoi se voiler la face, mon cher..." avant "Just one of those things", et que Le temps des cathédrales (bon je ne l'ai pas écouté) ne contient sûrement pas de bonhommes en train de se demander "oula, qu'est-ce qu'il se passe ici ? N'est-ce pas une métaphore de notre époque contemporaine ? Que veut dire la scène que nous venons de voir ?". On gueule tout de suite, tout le temps. On affirme, on communique (tout court). Jamais on ne se posera deux secondes. Il n'y a pas d'app "Chœur Antique" pour les iPhones de notre vie. Moi je trouve ça dommage (et j'ai un vieux smartphone chinois pas cher). Mais bon.

Version 2015 :
https://witoldbolik.bandcamp.com/track/acte-1-pas-grand-chose-premier-r-citatif

Texte :

CHŒUR ANTIQUE :
- Moi non plus.
(bien que personne ne m'ait demandé mon avis - mais quoi, je suis le chœur antique d'une histoire où il ne se passe pas grand-chose : un type se pose des tas de questions, quelqu'un arrive et lui répond : non.
Broadway ne semble pas tout près mais on ne sait jamais
Débrouille toi avec ça mon gars (pour ce que je suis payé)
Du coup je m'octroie le droit de faire plusieurs notes à la fois
(ou pas de notes du tout)
et des blagues
et des effets sonores).




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