Ma vie, mon œuvre et deux profondes leçons de sagesse et demie

Pour Fred Sheffray

je pensais à quelqu'un à propos de qui
comme pour me distraire de ma détestation
je me disais :
"voilà une personne
dont tout tend à me démontrer
que ses agissements
sont rien moins
que bienveillants
en ce qui me concerne.
Elle doit être formidable
vis-à-vis de ses amis,
c'est du moins ce que je lui et leur souhaite.
Il n'en demeure pas moins
que je ne l'affectionne pas particulièrement
en tant qu'individu
si je puis m'exprimer ainsi."

et à propos de ce que je pensais et de la manière dont je l'ai formulé je me dis
instantanément :
"C'est rigolo pour exprimer de la douleur tu prends toujours le ton intérieur d'un
Maître Capello". Une sorte de tête de litote. Un autorité dérisoire.
Un Bon Usage de la vie
hors d'usage.

Un exercice de style dans une vie qui ne sert qu'à
exercer son style. Tout ce qui rend ce que j'écris
horripilant et attachant. (je le crains, je l'espère)
Je devrais essayer Garcimore parfois.

Je me disais aussi que 80 pour cent de l'activité artistique
pouvait se résumer à cette gutturale euphonie : "gérer le rejet"
(dans la colère, dans la négociation
dans la tristesse et dans son expression
dans l'humour et dans le déni
dans le remplissage de formulaires fastidieux qui n'aboutissent qu'au
remplissage d'autres fastidieux formulaires
gérer ce qu'on rejette de soi aussi
etc)

je me suis demandé si ce n'était pas aussi l'essentiel

de l'activité d'être en vie.

J'ai souri.

La haine que nous ressentons nous cause des problèmes
et les problèmes nous causent de la haine.
Le bonheur est une sorte d'accident.
Il n'y a pas de solution.
Le comprendre n'aide pas.
L'ignorer non plus.
Le cynisme, la violence, la tentation de l'ascétisme,
des velléités sporadiques d'apprentissage du contrepoint rigoureux sur youtube,
l'usage volontiers pisse-froid d'un vocabulaire un peu précieux
l'alcool, le sport, le jazz, le slam et ne pas l'oser,
essayer de regarder les infos de temps en temps et se dire
ohlala tu te plains mais regarde
ne pas les regarder et en tirer fierté
classer mes tragédies en deux pôles : Garcimore et Capello
sont des béquilles

je passe mes vies sur des béquilles
à faire
des bêtises
dont j'assume
plus ou moins
les nouvelles bêtises
auxquelles elles donnent cours.

qu'est-ce que j'ai à avoir tellement envie de parler aujourd'hui ?

pourquoi ne me tairais-je pas ?
qui s'en plaindra ?
(accent et fou rire à la Garcimore)

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